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4 avril 2008

J-3

Putain, c'que j'ai pas envie d'y aller... J'arrive pas à me projeter dans le truc, c'est un mauvais cap que cette semaine de concours qui s'annonce. Plus ça va et plus je me demande si ça vaut vraiment le coup de se battre. Je ne me souviens plus dans quelle dynamique j'étais l'années dernière, mais là c'est vraiment dur dur dur. Je repense à Vendredi, pour m'encourager. Une après midi à piocher des bouquins, un retour à la maison avec un crochet à Valras, un peu à la manière de Simon, du travail pasionnant en perspective. Mais d'ici là, ces foutues épreuves de l'agreg. Fait chier. J'ai peur de pas arriver à trouver le sommeil. Peur de sécher devant un sujet de dissert de merde, ce qui ne manquera pas de tomber. Peur d'oublier un tas de trucs dans les grammaires. Peur de cette version de latin à laquelle je vais comme un boeuf à l'abattoir. Peur de prendre un gros coup au moral, en fait, et de décevoir certaines personnes. Donc prendre du repos, et se faire plaisir maintenant, parce passé demain soir ce sera trop tard. Je viens de réaliser que je n'avais pas pensé aux céréales et autres merdes vitaminées qu'il faut prévoir pour les épreuves. Demain. Ce matin, retour à l'académie Bach, continué mon Mozart sur un kawai. Près d'une heure à me faire à ce piano de merde, horrible. Ca reste toujours mieux que le clavier...Enfin, ça fait du bien de se replonger dans le piano. ce sera un investissement, clair et net, l'un des premiers de ma vie de grand. used_steinway_and_sons_grand_piano_ebony_black_finish C'est fou comme tous les soucis se dérouillent dès que je me consacre à la musique. Une grande fenêtre ouverte qui vient souffler les toiles d'araignées qui encombrent la tête. Heureusement.
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9 juillet 2008

De l'avantage de travailler au conseil général

C'est vrai quoi. D'habitude, les tafs saisonniers c'est pénible, chiant, dans des ambiances pourries avec des gens qu'on aime pas. Là non. Certes, ce n'est pas idyllique, mais je dois bien avouer que je termine ma longue série de saisons estivales (je dois pas être loin de la dizaine, tout de même) par un travail en or. Prenons hier. Il s'agissait, exceptionnellement, de me sortir des bureaux pour aller aider à accrocher une exposition au château royal de Collioure. Ben ce fut une super journée. Les peintures n'étaient pas dégueulasses, il fallait se creuser la tête pour les accrocher de manière uniforme et harmonieuse, d'où clous, marteaux, mètres et niveaux à bulles. Et en plus, l'artiste nous a payé le resto sur la côte ! Que demander de plus ?! J'ai flashé sur deux des oeuvres de MP Valat: Ancara et Bois blanc. Un diptyque que j'ai trouvé très beau, même si les photos prises par le téléphone ne sont pas terribles. Si j'avais 600 euros à foutre en l'air, je les aurais volontiers accrochées sur le mur de mon bureau. SP_A0070 SP_A0072 SP_A0071 Et retour peinard à cinq heures, heure de mon départ. Quant à aujourd'hui, glandouillage en règle. Il est vrai que je suis obligé de récupérer les infos au compte-goutte, donc je fais le pied de grue ou je dois aller pêcher les infos à différentes sources. ce que j'étais en train de faire quand on m'a demandé gentiment d'envoyer des tracts à TOUS les services du département. Tous. Soit un gaspillage de temps, d'énergie et d'argent. Je me suis donc exécuté, ce qui m'a tout de même pris l'après-midi... C'est assez kafkaïen, comme système. Remarque, il y a au moins une bonne nouvelle: on m'a convié à refaire une conférence sur Steinbeck en Octobre. Le 17 ou le 24. J'essaierai d'adopter un plan différent cette fois-ci. Tout except le train-train.
24 mars 2008

Un bon souvenir

Cette photo a été prise un soir particulier : nous étions tous les quatre en pleine période d’oraux du CAPES, à Tours. Laeti et Mathilde avaient terminé, Jerem et moi étions sur le point de terminer. Quelque chose comme le 21 ou 22 Juin 2007. Ce fut une excellente soirée, dont j‘ai recouvré le souvenir en fouillant dans ma boite mail pendant un cours. Ca fait du bien de se remémorer les bons moments. Il est amusant de constater à quel point le vieil album de famille est relayé par la technologie. Je grave régulièrement des centaines de photos sans les trier, et peut-être pour les perdre. Et je sais bien que je ne suis pas le seul, bien qu’étant plutôt négligent de nature. Le père d’Emilie utilise en ce moment un scanner qui permet de restituer les photos sur négatif en fichier jpeg. Ca peut servir, même si l’inversion à laquelle on assiste laisse rêveur. Sommes-nous destinés aussi à nous évaporer ? La mémoire se perd, les bons évènements qui ne sont néanmoins pas fondamentaux (les petits repas entre potes, les photos prises dans une bonne après-midi…) disparaissent et s’estompent. J’ai même été surpris que Sandra me laisse un petit mot d’encouragement et de remerciement pour les relectures de son DEA ! Nous allons petit à petit, me semble t-il, vers une désacralisation au profit du bon moment. Peut importe avec qui ou dans quel contexte on passe un bon moment, ce qui importe le plus, c’est le plaisir égoïste que l’on en tire. Au fond, les personnes que l’on côtoie finissent, je trouve, par devenir très éphémère, au point que les amitiés les plus éprouvées sont celles que le temps fait passer. On s’attache bien souvent trop vite, on se donne trop vite pour passer des moments éphémères qui se ternissent plus tard car on finit peu à peu par oublier qu’on avait eu des accointances avec ces gens-là. Alors la perpétuation du souvenir sous la forme d’un papier ! le temps où convoquer un photographe pour qu’il vienne faire la photo de famille de la décennie n’est peut-être pas si moyenâgeux qu’on le pense souvent. La débauche de technologie nous rend de plus en plus étrangers les uns aux autres. C’et dommage. Mon vieil EOS (que j’ai depuis 14 ans quand même) sort de plus en plus rarement de sa boite, le papier fait chier, on sait jamais où le ranger, il prend de la place pour rien. Mais peut-être devrions-nous faire un effort pour être plus attentifs à ce devoir de mémoire, à ne plus considérer les gens et les évènements comme du fugitif et du faire-valoir de l’égoïsme. Enfin. Allez, des épreuves m'attendent, ainsi que ma partoche. Photo_058__2_ Photo_054__2_
11 mai 2009

Balade au parc

Je ne sais pourquoi je nourris, depuis mon enfance, un amour irraisonné pour les parcs publics. Les vrais, hein, pas les petits champs  de gazon infâmes posés là comme des étrons entre deux feux rouges. Non, les vrais de vrais, ceux dans lesquels on peut se poser sur un banc pour lire, regarder les gens qui passent, observer que ce platane centenaire a bien poussé depuis la dernière visite la semaine précédente, se dire que les voitures et la ville ça pollue et que les villes, décidément, ça devrait vraiment être à la campagne sauf que si on n'avait pas ce bruit de fond de klaxons et de moteurs on s'ennuierait...
Donc hier, au lieu d'aller faire un tour dans nos vignes, c'est donc dans le parc perpignanais que nous nous sommes posés, entre un platane, un marronnier et un gingko-biloba, qui d'ailleurs, s'il n'en est pas un, l'imite foutrement bien. Je regrettai d'ailleurs de 1/ne pas avoir pris de bouquin, et 2/ne pas avoir davantage profité de cet endroit charmant pendant l'époque épique où nous habitions en centre ville. On était bien, sans parler, à observer ce microcosme artificiel et pourtant tellement charmeur, presque le "jardin de Lenôtre, Correct, ridicule et charmant" cher àDSC00286 Verlaine.






DSC00286

13 août 2009

Back from London

london_underground_logo
Ca y est, je suis revenu de Londres mardi, mardi en fin d'après-midi suite à un couac de loupage d'avion pour cause de contrôles de douanes trop routiniers... Nous avons payé le shampoing le plus cher du monde ! Mais bon, il vaut mieux en rire pour le moment.
C'était génial, un super WE qui nousa permis de 1/ pas mal parcourir la ville de droite à gauche, dans les différents quartiers, de voir les choses principales, 2/ faire du shopping comme des pétasses et manger des fish and chips en sirtant des bières, 3/ devenir familier du métro londonien, extraordinairement bien conçu... Et surtout de sortir un peu de cette mentalité catalane à la con pour rencontrer une vraie ville, une grosse mgalopole internationale qui brasse des dizaines de populations différentes: des indiens, des pakistanais, des blacks, des arabes, des européens... en fait, le véritable londonien n'existe pas vraiment, c'est un mix de différentes populations. D'où une grande tolérance des gens envers ce qui ne leur ressemble pas. Un punk aux cheveux rouges ne fait pas l'objet de remarques à voix basse dans le métro. Alors qu'ici, dans notre ville étriquée, les vieilles en feraient toute une histoire... Sans tomber dans un angélisme ridicule, j'ai quand même trouvé ces britanniques bien plus sympas, ouverts, francs et tolérants que nos vieux cons bornés de catalans. Cela m'a à la fois déprimé en revenant et renforcé dans mon intention de partir d'ici à moyen terme.
Quelques photos, just for fun, sur l'album idoine.

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26 septembre 2009

Punto. Basta.

6a00d8341e0cf153ef00e54f29d1288833_800wiQuelle ne fut pas ma stupéfaction lorsqu'en discutant avec le prof de sport, qui a eu d'ailleurs la bienséance de ne pas se vexer du fait d'être désigné comme prof de sport et non professeur d'éducation physique et sportive, celui-ci m'a avoué qu'il faisait faire des lignes à ses élèves les plus récalcitrants.
Horreur et damnation. Etant un pur produit d'élevage de l'IUFM, je ne pouvais qu'être choqué par de telles pratiques: les lignes, ça ne sert à rien ! Ca enferme le pauvre jeune dans un discours fermé, stérile, c'est un travail qui ne le fait pas progresser, qui ne sert à rien, qui n'est pas valorisant, qui ne lui permet pas de mettre en valeur sa créativité, son imagination... Bref, les lignes ça pue du cul.
Il reste qu'une fois le choc passé, j'ai décidé, pour voir, de faire un test: il ne faut pas mourir con, après tout. Ca tombait bien, j'avais mon cobaye préféré (oui, je dis bien mon cobaye, car cette classe constitue une quasi-unité de connerie), à savoir ma cinquième 3. Il m'était impossible de ne pas avoir l'occasion de sévir en une heure de cours, et en effet, au bout de vingt minutes, un élève se lève, tranquille, pour aller chercher je ne sais quoi. Après l'avoir rabroué, je l'invitai à prendre son agenda et lui donnai cent fois à copier: "Je ne me lève pas en cours de français". Pour lundi. J'étais déçu: il n'a pas bronché, mais il s'est tenu à carreaux après que je lui eus expliqué qu'il ne tenait qu'à lui de l'avoir 200 ou 300 fois.
Dix minutes plus tard, excédé par les ricanements/bavardages d'un autre, je lui donnai la même sanction, ce qui ne fut pas sans soulever un flot de protestations, forcément: le prof de maths lui en avait déjà donné quatre-cent ! Mais soit, il obtempéra, pour remettre ça cinq minutes plus tard, d'où une centaine de lignes supplémentaires. On est allé jusqu'à trois-cent comme ça, mais j'ai eu un calme relatif.
A creuser.

3 janvier 2011

You talkin' to me ?!

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Il est stupéfiant de constater à quel point un mot laissé sur un blog peut prendre comme proportions. Suite au billet déposé avant-hier, pas moins de trois personnes, furieuses, m'ont contacté directement ou indirectement pour me dire d'aller me faire foutre et qu'il était "triste", "décevant" ou "bas" de venir "régler ses comptes" de manière complètement virtuelle...
Cela me rassure sur un point, au moins: ce blog est toujours visité; et si j'écrivais comme un chat je n'aurais pas eu de réaction aussi épidermique.
Reste maintenant, avant d'aller bosser, à synthétiser une réponse à peu près cohérente et claire. 

Si j'avais eu des comptes à régler ad hominem, et si l'occasion m'eût été donnée de le faire, je l'aurais fait, clairement. Manier le sarcasme voilé et indirect, parler à demi-mot et m'en "régler mes comptes" de manière détournée ne fait pas partie de mes habitudes. Il se trouve que l'exemple que j'ai pris a été une goutte d'eau qui a provoqué l'écriture de ce billet, lequel était moins destiné à la personne en question qu'à une tendance malheureuse que je constate de plus en plus: l'indécision. Montaigne avait l'intelligence de citer l'exemple de personnes disparues. N'ayant pas cette culture, je m'abreuve au râtelier que je trouve, celui de mon entourage.
Ensuite, poser  son point de vue sur un objet, même s'il est malvenu de le faire en ces temps où tout et n'importe quoi est permis (ça me rappelle la discussion sur l'art entre Aschenbach et je ne sais plus qui, dans
Mort à Venise) à l'exception d'avoir un avis tranché sur une question (le fameux jugement !), permet au moins à l'autre, aux autres, de se positionner. C'est une des raisons pour lesquelles le jeu d'échec est aussi fascinant: en déplaçant ses pièces, l'autre est obligé de faire valoir son point de vue, de réagir. Là, pour le coup, mes pions sont disposés, et je n'ai aucune envie de quitter la partie. Au moins ça bouge, dans un sens ou dans l'autre tout en sachant 1/qu'il n'y a pas de mauvais sens, et que 2/rien n'est pire que l'immobilisme.
Enfin, quand un animal est blessé, il mord. Nous l'avons tous expérimenté, hélas. Donc même si les réactions sont mauvaises, il y a au moins réaction, ce qui prouve que j'ai fait mouche sans forcément le chercher. Par conséquent, au lieu de chercher quelqu'un qui a tort et quelqu'un qui a raison, il serait plus intelligent, me semble t-il, de discuter directement et de manière posée au lieu de se lancer dans une joute oratoire virtuelle. Cela ne sert à rien. 

5 juin 2011

WE parisien

Profitant d'un week-end prolongé et comptant sur le courage d'une personne qui s'est révélée ne plus en avoir, j'ai pris un billet de train pour Paris pour y passer quelques jours, logé chez une amie dans le treizième. C'est une ruche, le premier mot qui me venait à l'esprit quand je pensais à notre belle capitale. Un endroit que l'on voit de loin, dans lequel on met du temps, beaucoup de temps à accéder dans la mesure où j'étais toujours, jusque là, logé en banlieue. Un immense champ des possibles tellement vertigineux que l'on en perd la tête, et où à vouloir tout faire on ne fait finalement rien.
Je m'étais trompé, non sur la représentation que j'en avais qui était de fait assez juste, mais sur la magnificence de cette ville vue de l'intérieur. Prévoyant comme un japonais, j'avais acheté un petit guide dont je ne me suis quasiment pas servi tellement je me suis senti comme un poisson dans l'eau. Sans doute est-ce dû à ma récente (enfin, récente, un an et quelques mois tout de même) vie citadine, mais quoi qu'il en soit ce qui rapidement m'agaça le plus fut les stations vélib blindées, m'obligeant à voir la suivante...encombrement relatif, donc.
J'avais vu la tour Eiffel et autres clichés touristiques, on avait fait Montmartre aussi... mais je n'avais pas compris, pas suspecté la richesse de cette ville. Le nombre de choses à faire, de spectacles à voir, cette effervescence culturelle, la facilité de déplacement. En quelques jours, j'ai posé des gallons, et hier je n'ai quasiment pas ouvert mon petit plan de la journée. Vu un comédien réciter -réciter- pendant deux heures -deux heures- des passages d'un Balcon en forêt, mon roman fétiche, le tout dans un théâtre minuscule de l'île Saint Louis, plus petit que mon salon, où les sièges consistaient en une quinzaine de petites chaises rembourrées; trouvé dans une librairie musicale rue de Rome l'intégralité des Suites françaises pour moins d'une dizaine d'euros; visité le centre Pompidou; vu et failli pleurer devant les somptueux Nymphéas de Monet à l'Orangerie

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, découvert le Marais, revu le quartier latin, passé devant ma chère Sorbonne et épluché les librairies d'occasion du boulevard Saint-Michel.
Paris est une ville où tout devient facile très rapidement. On en vient, en quelques jours, à tutoyer Notre-Dame et à intégrer l'ordre des rues, le sens des circulations, le fonctionnement des vélibs... les parisiens, aussi, sortent assez rapidement de leur légendaire réserve du moment que l'on brise la glace avec eux. J'ai vu des amis que je n'avais pas croisés depuis longtemps, et pris un apéro sur les quais de Seine avec la facilité de ceux qu'on organise à Perpignan. Je kiffe cette photo.

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Rencontré enfin des amis de mon forum et fait un resto avec. Super moment qui a ouvert le séjour. Il n'y a qu'une personne qui manqua à l'appel. Tant pis pour elle. C'est grotesque.
Pour la première fois, je crois, j'ai profité de Paris, j'ai compris à quel point cette ville était géniale. Non pour y vivre, le rythme parisien est quand même dur sur le long terme, je pense, mais pour y venir, plus souvent, sur des WE prolongés, dans des hôtels de fortune intra muros
Voilà une bien belle résolution, comme s'il était besoin d'un nouvel an pour en prendre.

24 août 2011

Fin de vacances

Ca y est, les vacances sont sur une pente descendante. Je commence à préparer mes cours, à me remettre tant bien que mal dans un rythme convenable, à réfléchir en séquences, en organisation d'année, à prendre des résolutions... Notamment celle de me faire mes propres repas au lieu de manger et payer cette bouffe lyophilisée dégueulasse de la cantine. On verra si je tiens.
Comme j'ai la manie, assez significative d'ailleurs, des bilans et qu'un bon schéma vaut mieux qu'un long discours, voici une image de l'été:

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, où presque chaque élément peut avoir une explication:
- Une commode rouge tendance moche retapée par mes p'tites mimines en bas de chez moi, dans le petit patio. Et toute mignonne désormais.
- J'ai commencé l'Histoire de la Sexualité, de Foucault, et comme d'habitude je suis subjugué par cette écriture et l'intelligence des propos. Clair, précis, rigoureux... Je l'aime, ce mec, je l'aime. Un magnifique roman d'une auteure inconnue au bataillon, Sylvie Germain. Très bien écrit, vraiment. Du Giono en féminin, et contrairement à Jeannot, dont la qualité d'écriture s'amenuise au fur et à mesure que le roman se déroule (les cent premières pages du Chant du Monde... le PQ qui succède à ces cent premières pages...) j'espère que Sylvie tiendra la route sur l'ensemble de l'oeuvre.
- Mon petit guide de Paris, où je suis retourné une semaine après quelques jours en Bretagne voir le frangin. Encore un super séjour.
- Un concert, ça faisait longtemps, à Laroque, que je découvrais. Un bon concert (le 23° concerto de Mozart et le deuxième d'Haydn) dans un cadre magnifique. Un immense parc rempli d'arbres, la fraîcheur du soir, le calme et la sympathie d'un public respectueux (ce qui est hélas assez rare pour être souligné).
- Un chapeau de paille en hommage aux amis (John, Nico, Théo, Aurélie, Stephs, Haïette, Richard, François...) retrouvés chaque vacances, Nico en particulier qui m'a rendu mon appartement propre comme un sou neuf, comme pour s'excuser d'avoir fini de flinguer mon pare-brise. Heureusement que:

carglass

- Une tong, parce que l'été c'est aussi la plage et la bronzette.
- Les impôts, qui te remettent les pieds sur terre quand tu rentres de vacances... Les connaisseurs apprécieront l'emploi fort à propos du datif éthique.
- Une jolie écharpe violette trouvée par hasard à Paris, toute douce et qui sent bon. Je ne peux déjà plus m'en passer.

Bien sûr, il manque des choses, des gens, des musiques. Les deux premiers moments du prélude de la Partita en do mineur, par exemple, qui m'a occupé plusieurs heures par jour (alors que Martha l'expédie en 2 min 50...), les fiancailles d'un couple d'amis qui m'a permis de me réimmerger avec mes pétasses de lycée, la rencontre de la jolie Garance et le coup de vieux en voyant mon pote Jérémie tenant son bébé dans les bras, un acte important et symbolique, la naissance de Gabriel et son petit blond de grand frère qui te réveille à 7h du matin (alors que tu t'es couché trois heures plus tôt pour venir le garder tandis que les parents étaient à la maternité)  qui déboule en te disant du haut de ses deux ans "Yules, ye crois que ma culotte elle est bien trop petite !"...
Une nouvelle année scolaire commence, et même si je ne suis pas spécialement ravi de retrouver la plupart de mes collègues et de retourner à ce petit train-train, il faut bien l'avouer. La vie suis son cours, et elle est belle. Très belle.

9 juillet 2011

De la rancoeur

manet_dejeunerSans doute l'un des sentiments les plus difficiles à analyser, et au sujet duquel il est le plus difficile d'écrire tant il emmène derrière lui une longue traîne de culpabilité, d'impressions mêlées. J'imagine de plus que cette amertume doit laisser un goût toujours âcre mais jamais similaire dans la bouche de celui qui l'éprouve. De même que les médecins nous disent que deux personnes ne voient jamais strictement la même couleur (ce qui ne laisse pas de me plonger dans la perplexité, comment parler convenablement du Déjeuner sur l'herbe s'il y a autant de perceptions que d'yeux qui l'admirent, que de couleurs sur la toile ? Ca en devient borgesien, il faudrait écrire un dialogue de critiques sur le déjeuner sur l'herbe, qui aurait lieu au cours d'un déjeunersur l'herbe), deux rancoeurs n'ont même pas un goût semblable sur deux sujets différents.
Les termes "goût", "bouche" ou "amertume" ne sont pas anodins. Tant il est vrai que nos sentiments prennent racine dans nos impressions sensibles, la rancoeur vient directement du substantif "rancidité", peu utilisé au profit de l'adjectif "rance", lequel désigne le goût d'un aliment à la fois gras et désagréable. Probablement par contamination métaphorique avec le latin cor, le mot a glissé dans le langage des sentiments. La rancoeur est, je la définirais ainsi, un sentiment mauvais que l'on éprouve à l'égard de quelqu'un ou de quelque chose, un mélange de regret et de colère contre une situation à laquelle on a pris part mais que l'on a fini par subir, comme si elle nous avait échappé. La rancoeur naît de l'impuissance face à un état que l'on ne désire pas mais auquel on ne peut changer grand-chose si ce n'est le regard que l'on finira par porter sur elle. A tout prendre elle a parti pris avec la jalousie, sentiment qui m'est en revanche, et heureusement, peu familier.
La rancoeur a un pouvoir dévastateur. Elle me fait penser au "poison que Médée apporta dans Athènes" tellement elle a ce pouvoir étrange de s'insinuer dans toutes mes pensées lorsque je l'éprouve. Il est difficile à subir parce qu'il me transforme en objet plein de colère et de tristesse mêlées. J'aimerais, dans ces moments-là, dire, hurler à la personne concernée ou à la situation qui me déstabilise que c'est de sa faute si je suis mal, lui demander pourquoi elle va si bien alors que j'ai encore des griefs contre elle, pourquoi elle s'est jouée ainsi de moi et a tiré profit de mon impuissance passagère, exiger qu'elle soit aussi mal que moi dans ces moments-là. Je sais que tu sais que je suis mal, et je t'en veux de me voir dans cet état, de connaître ma souffrance et de regarder ainsi par ton absence le serpent qui se débat dans sa peau devenue trop étroite et dont la mue n'est pas encore arrivée, et j'ai besoin de te mordre pour que tu ne me voies pas comme cela. Casse-toi ! Mais dans le cas où cette personne, ou collègue, ou ami, ou situation merdique, se retournerait pour me demander "oh c'est quoi ton problème ?", la colère retomberait comme un soufflé dans la mesure où cette situation que je déplore tant, j'y ai une part de responsabilité, j'y ai pris part, j'ai contribué à la créer. Il est donc normal de ne pas rejeter l'intégralité du tort sur l'Autre. Et une fois une discussion conctructive amorcée, même si elle doit prendre des semaines, des mois, des années à s'amorcer, les choses s'évacuent, le venin noir se purge. Peut-être est ce une colère quelque peu puérile contre moi-même que j'éprouve dans ces moments-là, comme le gosse qui s'est fait pécho la main dans le sac de bonbons et qui est en colère contre le sac quand il se retrouve puni dans sa chambre. Je sais bien...mais quand même, dirait l'autre.
Sans doute est-ce cela, la rancoeur. Elle doit s'évacuer, elle finit toujours par s'évacuer. Mais elle se cultive aussi, elle s'entretient, ou ai-je aussi à coeur de l'entretenir, de ne pas la laisser glisser dans les limbes. A cet égard je suis incroyablement rancunier. Il s'apprivoise, ce poison, comme Mithridate qui en prenait tous les jours pour s'y habituer au cas où un ami voudrait l'assassiner. Mais il faut aussi le purger pour qu'il ne nous empêche pas d'avancer, il faut l'évacuer, comme je le fais à ce moment-même par ces lignes ou il me bouffera le week-end.

9 février 2012

Ce prof là

Mon prof de piano, c'est un chieur né. Je l'ai trouvé par hasard, dans une académie dans laquelle  j'allais souvent travailler (parce que bosser sur un piano à queue, ça ne se refuse pas), et on avait eu l'occasion de discuter. Puis je me suis enhardi jusqu'à lui demander s'il aurait le temps de me prendre sous son aile parce que celui que j'avais, il était bien gentil mais je sentais qu'il me dirigeait plus vers

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que vers

41787_129379800688_3871_nDonc bon, j'avais envie d'aller vers des cours plu consistants, plus ardus. Mais je ne m'attendais pas à ça. Soyons simples, sur une heure et quart de curs, environ, nous devons jouer, véritablement et sans exagérer, moins de dix minutes, comme si cela n'avait aucune importance. Le reste est consacré à l'essentiel, à ce qui me permettra d'avancer véritablement, selon lui: apprendre à jouer du piano. Le placement de la main, du poignet, du bras, de l'ensemble du corps, de la respiration même... Les gammes aussi: toutes les majeures la première année (accords parfaits, arpèges en noire, croche, triolet et double croche, renversements...), avec récapitulation systématique, et depuis quelques mois les mineures: la, ré, sol, do, fa, si bémol en ce moment...
De la rigueur, de la rigueur, de la rigueur. Avec lui, je touche du doigt tous les défauts qui vont jusqu'à déborder bien au-delà du piano: l'indécision, l'imprécision, le fait de se contenter d'un globalement bon plutôt que d'un précis, clair, carré et parfait. "Ton Mozart, c'est de la soupe", ai-je donc appris hier. Et il m'a montré, par a+b, que c'était vrai je ne jouais pas deux fois le même rythme, et aucun des deux ne correspondait vraiment à ce qu'indiquait la partition.
Idem pour les morceaux, d'ailleurs, qui doivent être vus selon un ordre bien précis: la main droite par coeur, la main gauche par coeur, les deux mains ensembles en lisant, les deux mains ensemble en lisant et en chantant la main gauche (ho-rri-ble), et enfin, les deux mains ensemble par coeur. Comme ça, le morceau est décomposé, analysé dans sa moindre difficulté. A certains moments, il s'arrête sur une mesure pour montrer comment le compositeur change de tonalité, par exemple (combien de fois s'st-on arrêté comme ça sur le concerto en ré majeur de Haydn !). Et même si cela était rébarbatif, les choses se lient, s'éclairent les unes avec les autres, trouvent une cohérence. La montée qui me paraissait si difficile dans tel morceau se simplifie lorsque j'ai compris que c'était une gamme qui se développait, tels accords récurrents n'étaient que la transposition de ceux qu'on a vus en cours...donc au lieu d'appliquer bêtement, il me faut jouer intelligemment. Certains cours, à cet égard, m'apparaissaient lumineux car j'avais la sensation de com-prendre, de repartir avec quelque chose qui m'était jusque là frémissant, mais irréductible. Poser des mots sur les sensations, court-circuiter les déductions jusqu'à les faire entrer dans un logos clair et identifiable. Maintenant seulement, je redécouvre les sonates de Beethoven et je commence à comprendre quelque chose.

Et cette façon de bosser, avec rigueur et intelligence, tout en sachant parfois titiller l'égo pour stimuler l'avancée, j'essaie de l'appliquer dans mes classes, plus que je ne le faisais auparavant, où j'avais tendance à transposer un certain flou jusque dans mes cours, une charge d'imprécision, de part laissée à la déduction. Paradoxalement, je pense être devenu plus tatillon, mais que les élèves en deviennent plus rigoureux. Au lieu, comme me le demande mon prof, de rejouer une mélodie en en changeant la tonalité, je les fais réécrire des phrases en altérant les effets. Je m'efforce moi aussi de "ne pas avoir vocation à former des singes savants."
Mon prof, je le kiffe.

8 février 2012

De clarinettis

woody-allen-clarinettisteCertains seront peut-être désespérés ici de voir encore s'écrouler un pan de ma discutable virilité. Discutable, parce qu'un jeune prof de trente ans qui aime le piano, la littérature, les bébés et faire rire tout en injectant du savoir à une classe de trente poupous, c'est un coup à faire fissurer le granit que des milliers d'anées de civilisation a pris soin de construire fermement. Les mecs, ça aime les motos, les grosses bagnoles, la bière et les gonzesses.
Mais je n'en ai cure, et je vais en profiter pour vous raconter une des plus belles expériences de feu 2011. J'étais à Nice, bloqué en centre ville pour une après-midi (ou UN après-midi, j'ai jamais su ce qu'il allait dire), et même si le vieux Nice est un endroit charmant, je commençais à m'emmerder sévère lorsque j'entendis de la musique. Il me fallut moins de vingt secondes pour reconnaître Mozart. Guidé comme un marin dans la mer sicilienne, j'allai donc plonger mes oreilles vers ce coin-là: deux clarinettistes jouaient des duos de Mozart pour clarinette, comme ça en pleine rue. Fallait oser, et ils ont eu raison. Du coup, j'ai passé l'après-midi sur la terrasse d'un café miteux à écouter ces deux musiciens jouer du Mozart. Les gens s'arrêtaient, écoutaient quelques dizaines de secondes et passaient leur chemin. Chose curieuse, les enfants étaient fascinés, moins par ces instruments bizarres que par cette musique qu'ils semblaient déjà connaître sans l'avoir jamais entendue. Le miracle Mozart fonctionne à nouveau, 220 ans après.
C'est là, probablement, qu'est venue mon envie de commencer la clarinette. Jusque là, je n'avais jamais fait vraiment attention aux sonorités de cet instrument. Je les trouve douces, entêtantes, hypnotiques, dans une certaine mesure. L'instrument est joli aussi, bien plus pratique à transporter qu'un piano. J'ose croire que sa pratique est moins complexe que ce dernier, ne serait-ce que parce qu'il n'y a qu'une clé au lieu de deux, et que l'on ne joue qu'une note à la fois. 
Cette année 2012 s'annonce éprouvante, pour différentes raisons. Mais maintenant qu'une accalmie se profile à l'horizon, je vais enfin voir mon prof de musique pour qu'il m'apprenne les rudiments.
Ne serait-ce que pour voir.

20 décembre 2012

Billets, s'il vous plaît

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« Mesdames et messieurs bonjour, contrôle des titres de transport s'il vous plaît »

Allez, juste un aller-retour à faire aujourd'hui, j'aurai fini cette semaine pourrie. Ca va être énorme ce soir, l'anniversaire à Ben. J'espère qu'ils seront tous là, qu'on rigolera, qu'on boira, qu'il y aura des filles cette fois-ci, la dernière fois c'était merdique à cause de ça. Pour une, on était six dessus, ça craint. « Merci Monsieur, une pièce d'identité, s'il vous plaît...Merci beaucoup ». Pas beaucoup de monde ce matin, d'habitude avec les vacances qui approchent les gens ils partent. Tant mieux. « Votre titre de transport ? Oui, merci madame, bonne journée ». C'est bien qu'on puisse partir avec l'équipe pour le Nouvel-an, ça va être terrible, Barcelone pour nous tous seuls, là-bas il y en aura des gonzesses. Ca me fera oublier la dernière fois, avec l'autre et ses trucs chiants. Ce qu'il faut pas faire pour avoir la paix deux minutes. « Merci Monsieur, bonne journée. Oui, les toilettes c'est au wagon 11. Je vous en prie Monsieur. » Sûr que c'est pas Tony qui me fera visiter une cathédrale de merde même pas finie, en plus. C'est plutôt les bars, que je finirai pas de me faire, si je trouve pas une fille entre-temps. Les petits français, ça doit bien marcher, et le côté jeune beau gosse branché, ça ira à tous les coups. « Oui madame, vous pouvez brancher votre ordinateur, les prises sont là, prévues à cet effet ». Ben oui sale conne, réfléchis un peu. Maman était déçue quand je lui ai annoncé que je ne serai pas là. Tant pis, faut que je pense un peu à moi aussi, j'y suis bien allé il y a deux semaines, je passe mes journées dans le TGV, il faut bien que je décompresse. J'ai changé il paraît, depuis deux ans environ, je vois pas trop pourquoi elle dit ça. Ca lui va pas bien, de vieillir. Heureusement, je me sens bien maintenant, j'ai mon Iphone, la caisse qui va bien, les potes autour, les fiestas, les filles, mon équipe, quoi de plus ? Au moins je suis libre. « Pardon ? Oui monsieur, c'est bien par là ». Quoi ? Ah ouais, en effet, il a raison, j'avais pas vu la belle blonde assise là, tranquille avec son portable. Bien vu Antho, bravo. Je vais tenter. « Bonjour demoiselle, vos billets s'il vous plaît ? » Quelle paire ! « Et où allez-vous, comme ça ? Oui, évidemment, à Marseille, c'est écrit là » T'as pas compris que je veux te parler ou quoi ? « Ah en plus d'être jolie vous êtes jeune, je peux voir votre carte douze-vingt-cinq, euh, Aline ? » Bon, elle mord pas, et je sais plus quoi dire. Encore une coincée. « Merci mademoiselle, bonne journée...et n'hésitez pas à m'appeler pour le bon déroulement de votre séjour. Moi c'est Jérôme... ». On sait jamais, le sourire, les formules qui claquent et l'uniforme elles aiment ça. Encore une coincée, je les attire ou quoi ? Je comprends pas ces dindes qui décident de ne pas profiter de la vie. Carpe diem, quoi, elle l'aura pas éternellement son petit cul, et je l'entretiendrais bien volontiers. Et l'autre qui se fout de moi, encore un râteau. « Bonjour, vos billets je vous prie. Merci ». Ca m'énerve, ce genre de réaction, elle ne se doute même pas de ce que je pourrais lui donner et elle veut rien savoir. Les filles sont connes maintenant, incapables de voir l'essentiel. On est dans un monde qui bouge, et il faut bouger avec sinon on est mort. Les morts ils bougent pas comme dit le coach. Moi oui alors que elle elle reste dans son fauteuil à écouter sa musique en regardant la fenêtre comme une vache. « Oui, vos billets, merci Monsieur ». Je suis sûr qu'il a tout compris lui aussi, avec son sourire, je devrais lui mettre ma main sur la gueule. Il me tarde de retrouver la caisse ce soir, de me changer et d'aller à cette soirée. On s'en mettra une belle, s'il faut, avec les autres. Je sais même pas ce qui est prévu, au fait, faudra que j'appelle Ben tout à l'heure. Y a pas à dire, les potes y a que ça de vrai, y a rien d'autre sur qui compter. Maman elle perd la boule, Franck je le vois plus, depuis qu'il a eu sa gosse, les filles ça va ça vient, mais hors de question de compter sur elles. Il ne faut pas vivre seul, surtout, et ma bande je l'ai trouvée. « Pardon ? Oui, bien sûr mais le billet de votre chat madame. » Heureusement, on va pas le transporter gratos son chaton, non plus. « Ah, mais tous les animaux doivent avoir un titre de transport. Cela vous coûtera 92 euros madame. » Ces gens qui se croient plus malins que les autres, ça m'énerve. « Oui, je comprends votre colère madame, mais la règle est la même pour tout le monde. Tenez, présentez-vous en gare avec votre avis de contravention, vous pouvez également régler sur Internet par carte bancaire. » Ca m'étonnerait que tu saches ce qu'est un ordinateur, toi. « Bonne journée quand même madame. » J'aime bien faire ça, être gentil avec les gens que je viens d'aligner. Ils se gênent pas pour le faire, les flics. Au moindre petit truc ils te défoncent et ils te souhaitent bonne journée. L'autre jour pour un portable ils m'ont aligné. J'allais au foot, je prévenais juste que j'étais en retard, bim. Il voulait faire son quota le mec, y a rien d'autre. J'ai bien essayé de lui dire que j'avais passé le concours de la gendarmerie, ça a pas marché.

Enfin ça y est, j'ai presque fini ce wagon, c'était le dernier. La routine, maintenant, un café à droite à gauche, me balader pour vérifier que tout va bien, faire genre, et on arrivera à Marseille. Elle a pas bougé la gonzesse au portable. Ba, tant pis pour elle, elle sait pas ce qu'elle perd. Une de perdue, dix de retrouvées. J'en suis à bien plus que ça, depuis que l'autre elle est partie. Je me demande parfois ce qu'elle devient. Sûrement toujours dans sa boutique pourrie à Carrefour. C'est ce que je lui ai dit quand elle est partie. « T'arriveras à rien, de toute façon, tu vas moisir dans ta vie de merde ». J'ai bien fait de lui dire ça, elle avait besoin d'un mec qui en ait et qui lui dise ses quatre vérités. C'est bizarre, ça a même pas eu l'air de la clasher, elle a pris silencieusement ses affaires et elle est partie. Je me demande qui me l'a piquée, elle le cache bien, même en espionnant je n'ai vu personne. Il a pas eu le courage de se montrer, peur que je défonce celui qui m'a pris ma gonzesse. Au moins comme ça j'ai retrouvé mes potes et je peux passer le temps que je veux au club ou à bricoler la bagnole. A tous les coups elle fait toujours les mêmes trucs, ses livres à la con, ses copines coincées du cul... Elle aurait été avantagée avec moi, avec nos deux salaires on aurait pu s'installer dans une maison à nous, en ville avec un garage et même une grande étagère pour ses livres. On aurait eu la belle vie, si on arrivait à bien calculer. Mais bon, tant pis pour elle, et merci de t'être barrée, après tout, j'en ai eu plein d'autres, des nanas, des meilleurs coups qu'elle, et qui m'empêchent pas de m'éclater avec mes potes.

« Merci de votre attention, Messieurs dames, nous vous souhaitons une bonne journée. »

5 juin 2013

Porte close

Je me suis planté de date de rendez-vous pour la deuxième fois. D'affilée. Je me suis rendu là où je ne devais pas être, un rendez-vous manqué.
Il y a quelque chose à y comprendre. Une fois c'est un malentendu, la deuxième fois c'est une programmation. Dans l'absolu ce n'est pas grave, ça m'aura fait faire une balade à Paris en bécane. Néanmoins. Comme si j'avais programmé cet échec, alors que la bonne date était posée dans mon agenda, alors que j'aurais pu, et même que l'idée m'a traversé l'esprit, passer un coup de fil pour confirmer la date.

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Plusieurs fois que cela arrive, dans différents domaines. Programmer un échec, c'est une façon de ne pas être déçu. Des mois que je galérais de solution de fortune en bidouillage pour ne pas faire réparer mon Mac. Plusieurs mois j'ai attendu. J'ai les moyens de sauter cette putain d'agreg qui m'appelle de son lit d'immondices, et je suis mon meilleur ennemi qui me tire une balle dans le pied au pied de la colline. On ne quitte pas le pied en somme. On le tire, et on tire dedans. En attendant ça ne marche pas.

Je trouve toujours une parade, un grand discours qui vient cristalliser des peurs, atténuer leur aspect angoissant derrière des plans en trois parties. Pour ça j'en suis devenu le spécialiste, j'ai été formé pour les plans en trois parties à tel point que tout est cotonneux. Le regard des autres. Leur jugement, leur représentation et le décalage entre mon image et ce qu'ils me renvoient.
Labyrinthique.

27 décembre 2008

Papa, je ferai quoi plus tard avec mon DEA de lettres ?

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Tu seras caissière, et tu écriras des bouquins.
C'est en allant chercher un paquet de lessive (et oui, les plus grandes pensés prennent toujours leurs sources dans des actions quelque peu futiles !) que je suis tombé sur ce bouquin. Je n'ai pas 15 euros à foutre là-dedans, je me suis donc contenté de lire la quatrième de couverture avant de le remettre soigneusement à se place et de continuer, pensif, mes tribulations intermarchesques.
Le principe de ce bouquin n'est pas idiot, assez amusant même: une caissière de supermarché raconte toutes les anecdotes vécues en huit ans de travail. J'imagine bien volontiers qu'elle a dû en voir des vertes et des pas mûres, encore que je n'ai jamais eu l'occasion d'assister à un lynchage de caissière et que je n'ai pas trop dans mon imaginaire d'aversion pour ces professions. Tout au plus me dis-je que ça dit être super chiant comme boulot. Mais de là à ce qu'on fasse, comme on le fait trop souvent, des caissières et des caissiers le réceptacle, l'étalon de la bêtise humaine (qui est la chose du monde la mieux partagée), cette tendance me gêne un peu. C'est vrai après tout, il y a une métaphysique de la caissière: en épluchant avec son BIP toutes nos courses, elle passe en revue toute notre intimité: les culottes trop grandes, les yaourts pas bios, les capotes pudiquement rangées dans une petite boite...Peut-être qu'être désagréable avec la caissière n'est qu'une attitude de défense contre celle qui a vu défiler toutes nos affaires, y compris celles que l'on veut cacher. Une sorte de bouc émissaire, finalement.
Mais ce qui me dérange vraiment, c'est l'attitude de cette dame, que je n'ai pas l'heur de connaître, qui joue sur le refrain "regardez cette société qui n'est pas capable de considérer à sa juste valeur un DEA de lettres et qui ne me propose qu'un emploi de caissière." Loin de servir le monde des lettres, elle le rabaisse une fois de plus: en commençant un DEUG de lettres, tout étudiant doit savoir que les débouchés de cette voie sont peu nombreux. Les lettreux ne servent à rien, c'est un fait. Il me semble que le bon sens aurait dû présider au choix des études de cette jeune bachelière, d'autant plus que même si ces débouchés sont minimes, ils sont présents: journalisme, (nombreux) concours dans l'administration, enseignement, bibliothèques... Pour quelqu'un qui n'est pas bête, ce qui est certainement son cas, il est tout à fait possible de se faire une place. Je connais même quelqu'un qui se recycle, avec beaucoup de courage, de l'enseignement jusqu'au monde des bibliothèques. Par conséquent, il me semble (je modalise, car je ne connais pas les "tribulations" de cette Anna) que cette jeune dame se complait dans cet atermoiement, dans cette attitude de victime qui ne fait honneur ni à l'univers des caissières, car je suis persuadé qu'on peut être heureux en étant caissière, ni à celui des lettres.
Après tout, pendant cinq ans j'ai livré des pizzas, et j'ai toujours dans l'idée d'en écrire un petit bouquin, mais même si j'en ai chié, je ne me souviens pas avoir eu le désir de lâcher mes études pour cela. Cette étape ne fut qu'un passage qui m'a permis de devenir prof. Et puis c'est tout. Donc jouer sur ce crédo de la caissière incomprise est, pour moi, de la lâcheté.
Lisez quand même la quatrième de couverture, c'est assez édifiant.
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27 novembre 2009

Eloge des lignes

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Les quelques personnes qui me font le plaisir (et l'honneur !) de fréquenter ce blog, de manière plus ou moins régulière, auront remarqué son ton souvent...caustique et désinvolte, qui a même induit certains d'entre elles à me taxer de sale prof imbu de sa pédagogie, voire même de plaindre les pauvres élèves qui ont le malheur de tomber sous ma direction l'espace d'une année.
Soit. Ces jugements sont, heureusement, le plus souvent tempérés par une franche discussion qui a elle-même valeur de conseil, et je m'en félicite: comme dit ma maman, tant qu'il y a conflit, il y a dialogue.
D'où mon dernier exploit avec mes troisièmes. Une bonne classe, malgré une légère tendance au je-m'en-foutisme, mais dont l'attitude a franchement commencé à m'agacer lorsque je m'aperçus hier que la moitié de la classe ne m'avait pas suivi pour monter en cours et avait préféré traîner dans les couloirs, de sorte qu'ils sont arrivés avec deux bonnes minutes de retard. Réfrénant le CDGP (Coup De Gueule Primal) qui commençait doucement, mais sûrement, à étreindre mon larynx, je pris mon feutre et écrivis de ma plus belle écriture au tableau: "Je ne traine pas comme une limace pour monter au cours de français." 100 fois.
C'est pas bien, hein, je sais. Mais 1/ça m'amuse de les imaginer faire leur punition au lieu de jouer à la Play, et 2/à force de prendre des lignes, peut-être finiront-ils par comprendre qu' "on n'est pas au stade ici", comme je ne manque pas de leur répéter.
Mais s'il y a bien UN truc qui m'agace, mais vraiment, c'est la tête de con (car c'est une tête de con, ne l'en déplaise) qui vient me soutenir qu'il est interdit de donner des lignes parce que ce n'est pas une sanction éducative. Mon dieu, que cet argument stupide a tendance à faire émerger le MCDGP (Méga Coup De Gueule Primal, faut suivre) lorsque quelqu'un vient me l'objecter de la voix mielleuse de celui qui se croit plus malin que les autres (le plus souvent 1/un parent d'élève, 2/unE collègue (j'y insiste, comme aurait dit Gracq(et oui, ce salopard est misogyne, de surcroit)).

 

Certes, cette tradition des lignes, du pensum, pour reprendre le terme exact, est interdite depuis l'arrêté du 5 Juillet 1980, car ce type de sanction, en gros et en évitant tout le verbiage philosophique, ne profite pas à l'élève, ne lui apprend rien, ne lui apporte rien, ne fait que lui faire perdre du temps stupidement. Cela, je l'admets, à un tel point que c'est le seul but que je recherche en leur donnant, devenant ainsi un hors-la-loi, des lignes: faire perdre autant de temps à l'élève qu'il m'a fait perdre d'énergie à le menacer une, deux, trois fois de la sanction qui allait tomber. Et ce n'est certainement pas à moi de perdre du temps et de l'énergie à corriger nue copie supplémentaire: c'est l'élève qui est puni, pas moi. Et je me refuse à transformer quelque chose d'ingrat en quelque chose d'utile facilitant l'apprentissage, ou de donner de "beaux" textes à copier en guise de punition, comme le font certains: lire Proust est un plaisir, un honneur. Pas une sanction.
Dici.

 

J'en connais qui vont gueuler, là.

15 août 2008

A star is born

DSCF5211 Voici donc un cahier. Un simple cahier à gros carreaux que je vais méticuleusement noircir selon ma méthode habituelle de travail (qui est d'ailleurs, je l'ai appris après coup, la même qu'utilisait Steinbeck), à savoir idées principales sur la page de gauche, et rédaction sur la page de droite. J'ai décidé, sur les encouragements de Sophie et d'Emilie, de rédiger les anecdotes d'un livreur de pizzas. Et oui. Parce que mine de rien, j'ai fait ce travail de 2002 à 2008, j'ai livré des centaines de pizzas à des centaines de gens, et que des anecdotes, j'en ai vraiment un sacré gros paquet. Des histoires marrantes, des petits faits divers rigolos, des événements d'actualité vus dans un oeil de boeuf bien particulier...L'idée est donc d'en réunir environ 25, et de les rédiger pour les publier. Pour le fun aucune prétention de quoi que ce soit. Et d'après la petite recherche que j'ai faite sur sudoc, cela n'a jamais été fait. Seulement, il est hors de question de signer de mon vrai nom. ca ferait un peu tache d'huile sur la lissitude de ma brève carrière universitaire. Adoncques ma chère Hapax m'a trouvé un pseudonyme qui nous a fait assez rire pour que je l'adoptasse: ainsi donc est né Aldo Laceclat, brillant auteur de l'Odyssée du Livreur Solitaire. Ca en jette non ? D'autant plus que ce petit opuscule aura une dimension cathartique: il s'agira d'expulser toute la rage accumulée par ce travail merdique et de le transformer en de belles pages bien cyniques dans lesquelles je me vengerai de tous ces blaireaux. En espérant que je contribuerai ainsi à améliorer la perception que les gens peuvent avoir de leur livreur de pizzas. Amen.
7 mars 2008

Un très beau livre

Y a pas à dire, les anciens sont vraiment ceux qui écrivent le mieux. J'aime beaucoup celui-là, j'avais lu quelques trucs de lui pour la maîtrise, du coup en tombant sur ce petit livre de 120 pages par hasard, je l'ai dévoré. Georges Gusdorf, La Parole. Un petit extrait: "Le langage le plus commun représente un mot de pase universel. Aussi bien l'écrivain le plus hermétique renonce à ses raffinements de vocabulaire et de style lorsqu'il s'adresse à l'épicier du coin ou au contrôleur d'autobus. Lorsque Mallarmé inscrivait sur des enveloppes, en guise d'adresse, des quatrains précieux, il spéculait sur une particulière bonne volonté des employés des P.T.T. pour déchiffrer ses rébus poétiques. Mais si tous les usagers de la Poste en avaient fait autant, il est probable que ce service public ses serait trouvé très rapidement dans l'incapacité de fonctionner. A la limite, si j'use d'un langage entièrement personnel, fabriqué par moi de toutes pièces, il est clair que j'arriverai peut-être ainsi à énoncer des formules d'une originalité radicale, mais que personne ne me comprendra. (...) Il semble donc que l'usage de la parole nous oblige à choisir entre deux formes d'aliénation: ou bien, comme le fou ou me mystique, parler comme personne; ou bien, comme l'adepte de la langue basique, parler comme tout le monde. Dans les deux cas, le sens même de la personnalité s'abolit. Plus je communique et moins je m'exprime, plus je m'exprime et moins je communique. Il faut choisir entre l'incompréhensibilité et l'inauthenticité, entre l'excommunication ou le renoncement de soi.", PUF, PP. 53-54. Joliment dit, non ? 41FX0XDAVQL
6 juillet 2008

Continuation

Bon, pas mal de retard dans la tenue du blog. Je me suis donc pointé mardi matin, 9h, pour m'apercevoir que ma chère Catherine n'était tout simplement pas arrivée. J'ai donc été halpagué par un de ses sous-fifres pour faire quelques bricoles dans la fameuse exposition que j'étais censé surveiller. Rien de bien folichon, mon chaperon me libérant à 11H30. Retour au QG je retrouve Catherine en pleine discussion avec un monsieur, responsable du pôle technique du conseil général. C'est lui qui devint mon nouveau patron, en me disant: "bon, ben on y va, maintenant." Dégouté j'étais de ne pouvoir rentrer manger avec ma moitié. Mais vite consolé en apprenant que j'avais été enlevé pour la grillade annuelle du personnel, tous les 1° Juillet ! Donc, j'ai passé le reste de l'après-midi sur les hauteurs privées du château royal de Collioure, autour de mes nouveaux collègues pour me faire une super grillade, aux frais du contribuable. Et ils savaient vraiment y faire, on a bouffé/bu jusqu'à 5h30 du soir. Y a pire, comme première journée de travail ! SP_A0068 J'ai donc officiellement pris mes fonctions le lendemain, 8h30, et enfin compris ce que j'allais faire un mois durant: gérer les plannings de tous les concerts du mois de Juillet. En gros, sur mes jolis tableaux Excel, je dois déterminer ce que fera telle équipe à telle heure, qui fera quoi, où, quand et comment. SP_A0069 Donc j'ai droit à mon poste avec deux écrans, la clim, une machine à café. Je suis comblé. Mine de rien, j'ai pas mal de responsabilités, et ce n'est pas inintéressant, d'autant plus que je me ballade régulièrement avec la Clio climatisée du CG pour faire moult conneries (porter des affiches à Prades, récupérer des docs, etc...). L'équipe est assez sympa, l'ambiance est bonne et mon patron a l'air satisfait de ce que je fais. Donc, c'est cool, pour le moment !
19 juillet 2008

Concert de Robin Mc Kelle

Robin_McKelle_01_375 Eh ui, étant donné que du fond de mon bureau climatisé, je gère les équipes qui bossent sur les concerts, il est normal que l'une des têtes pensantes du (très haut) conseil de direction du conseil général ait des entrées libres pour tous les concerts de la saison. Non ? Bon, quoi qu'il en soit, mon pote John et moi avons été autorisés à assister en VIP à ce concert. Ce n'est pas Coltrane, mais nous ne vivons pas à New-York non plus. c'était quand même une bonne aubaine que de voir ce concert. Quatre personnes sur scène: la chanteuse, normal; un pianiste, un contrebassiste et un batteur. Vraiment bien, je craignais en arrivant que ce concert soit trop élitiste et réservé à quelques experts du jazz, en laissant les novices (dont je fais partie) sur le carreau. Pour reprendre une expression d'une nana du bureau, j'avais un peu peur de la "métaphysique du saxophone." Finalement non, ça passait très bien, ces mélodies. J'avais conscience d'assister à un concert "tout public", avec les grosses ficelles, il reste que les trois excellents musiciens m'ont convaincu, malgré la casserole qui servait de piano à queue. Du coup, ça m'a donné envie de réécouter le live de Keith Jarret que mon prof m'avait prêté il y a quelques mois. C'est net: le jazz, c'est pas trop mon délire. Mais de temps en temps, à doses homéopathiques, ça va. Et ça m'aide à comprendre un peu les gens qui me disent qu'ils aiment le "classique' à "petite dose", pour les "détendre," ce qui me semble habituellement la pire des aberrations. Et j'ai même pensé à prendre mon appareil. Mais comme je me défends de faire partie de ces gougnaffiers qui font crépiter leur flash pendant le concert, vous vous contenterez du "stage before the live." Non mais.DSCF4253
18 août 2008

Mens sana in corpore sano...tu parles

Ainsi donc, la fin des vacances commence à approcher. Dangereusement même: tout le monde commence à parler de la rentrée, les soirées grillades & co se raréfient, les copains redeviennent casaniers...Même Hapax est partie, et en partant (à 1h45, certes) de chez Bénédicte, j'ai eu comme le sentiment que la dernière soirée de l'été se profilait dangereusement. Il va donc falloir retrouver un rythme sain: coucher pas trop tard, mais surtout lever tôt, et au travail pour se remettre bien sur les rails.
Mais avant tout, il était carrément impossible de squizzer Bénédicte sans parler de son taille-crayon. Je ne m'éloigne pas du sujet initial, puisque cet ustensile sorti de manière si ostentatoire venait ponctuer, il y a deux ans, nos cours de CAPES. Bénédicte, donc, déteste les porte-mine et préfère le contact plus viril du bois (guère étonnant, pour une spécialiste de Giono). Seulement les petits taille-crayons merdiques de Carrefour lui niquent systématiquement ses jolis crayons. Il a donc fallu recourir à LA Bête de Course:

DSCF5310Si ce truc là était une mobylette de livraison, en comparaison je continuerais de livrer sur mon Fox 50 alors que Bénédicte me mettrait un vent avec son CBR 900. Machin qui maintient le crayon bien en place, petite manivelle rotativement axatoire (elle tourne sur un axe, quoi) pour une taille personnalisée, couleurs vives qui vous donnent direct une insolation et, le must du must, le petit réservoir pour récupérer les déchêts crayonnatoires.

DSCF5311Non, vraiment, le top of the pop. Et donc, Bénédicte sortait religieusement, en chaque début d'heure, son petit (enfin, son énorme) taille-crayon. C'était le rituel, et ça m'amusait beaucoup. Parce que c'était tout Bénédicte: méticuleuse, appliquée, de bons outils pour une bonne artisane, le besoin de se rassurer avec des petits trucs comme ça. Bien évidemment, nous la charrions avec ce taille-crayon. Il n'empêche qu'elle a eu son CAPES...avec ce taille-crayon sur la table pendant les écrits. Et maintenant, j'ose espérer qu'elle ne calera pas dans ce joli instrument les petits doigts tout fins des méchants Kévins et Kévinas "pour leur apprendre à s'révolter."
Enfin. La rentrée se rapproche, donc ressortons et préparons tous nos taille-crayons respectifs !

21 août 2008

Mea Culpa

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Je souffre d'un symptôme assez inquiétant pour un prof de français. Honte à moi, je vais annoncer ma décrépitude au monde entier: il est extrêmement rare, ami lecteur, que je finisse un livre.
Oui, en effet, c'est très rare que j'en dépasse les deux tiers. Qu'il s'agisse de poésie, de théatre, de prose, de romans ou d'autobiographies, j'interromps très souvent la lecture avant la fin. Ce n'est pas de la paresse: je lis assez vite, et ce n'est pas une activité désagréable. Ce n'est pas non plus de l'ennui à cause de la qualité du livre: je pense le plus grand bien de plein de livres que je n'ai même pas terminé (Coriolan, Un Roi sans Divertissement, Mort à Crédit, l'Emile, Jane Eyre, la Recherche...). Pas de la flemme, pas de la surcharge de choses à lire à côté...Je crois, après y avoir pas mal réfléchi, qu'il s'agit simplement d'une espèce de lassitude qui s'installe une fois que j'ai repéré le fonctionnement d'un texte, après avoir compris dans quel sens tourne la grosse machine qui sous-tend l'agencement des pages, des paragraphes, des phrases et des mots. Finalement, l'intrigue ne m'intéresse que peu. Avec le temps, et sans doute est-ce grâce au nombre incalculable d'explications que j'ai faites/écoutées) je suis devenu bien plus sensible à tout ce que les élèves jugent secondaire: la cadence, les rythmes, les sonorités, le rendu plastique...J'en viens très souvent, et je crois que c'est cela qui vient justifier mon désinteressement de la littérature pure, à considérer une oeuvre littéraire comme une partition. Chaque lecture, en réactualisant la manière d'aborder le code dérisoire permettant d'accéder à la musique du texte, donne à l'oeuvre une extension dans le temps, dans l'espace et dans l'émotion. Une fois que ce fonctionnement est compris, que j'ai senti vers quoi l'auteur tendait, une lassitude me prend, au point de ne plus avoir envie de finir le bouquin. Presque par contrecoup, le fait de le finir n'est pas nécessairement gage d'une quelconque excellence. Je termine un livre souvent sans m'en apercevoir.

Et s'il y a un auteur chez qui ce processus de musicalité joue à plein, c'est bien Julien Gracq. J'ai eu, pendant très longtemps, une réaction de rejet, après avoir lu La Presqu'île. Je trouvais ça chiant, mais je me mentais. Ce n'est pas chiant du tout, mais il faut sentir la machine tourner, il faut saisir le mouvement qui fait ronronner les phrases de Gracq, et c'est baucoup plus complexe qu'il n'y paraît. Au fur et à mesure que les mois s'écoulaient, j'ai, petit à petit, commencé à comprendre ce qu'il en était, jusqu'à ce qu'Un Balcon en Forêt devienne un de mes romans préférés. Et aujourd'hui, alors que je me débattais sur ma traduction de Steinbeck, j'ai eu envie de commencer le Rivage des Syrtes, je suis donc allé le chercher pour le commencer. Et bien m'en a pris parce que je me suis régalé. A la page 40, je sais à peine de quoi il s'agit, et à la rigueur je m'en moque. En revanche, ce qui me fait frémir à chaque page, c'est la construction des phrases, ce sont les sonorités, le rythme, l'amplitude de cette écriture trempée dans la pluie, les forêts noires et le brouillard. Les paysages et les ambiances de Gracq me correspondent beaucoup: le froid, les pluies de novembre, la pluie, la solitude...Et j'ai compris, en refermant le livre au bout d'un moment (car ce n'est pas le genre de bouquin qu'il faut lire en deux jours, il faut le temps de s'imprégner et de se laisser submerger) que, malgré les autres choses qui me tiennent désormais bien plus à coeur, j'aimais encore la littérature.

25 juillet 2008

Souvenir d'un bon moment

En faisant le tri des photos de mon téléphone, j'ai retrouvé ces petites photos que j'avais complètement oubliées. Il est bien, ce petit portable, il fait des photos d'assez bonne qualité et il en stocke pas mal. C'est cool. Enfin, cette ballade peut être datée très précisément, car elle est facilement contextualisable. Pendant une heure et demie, je m'étais baladé dans Montpellier alors qu'Emilie passait le concours d'entrée du CRPE, en même temps que quelques milliers d'autres étudiants. Je me suis donc retrouvé seul, dans ce quartier que j'adore. J'avais rejoint le Lez en partant de la fac de LEA, puis j'avais rattrapé la place du nombre d'or avant de monter lire une petite 1/2h dans la grande médiathèque. Je m'étais remémoré avec plaisir les moments que j'avais passés là-bas, à écrire mon mémoire de DEA. Puis retour tranquille au milieu des badauds sur cette grande place qui surplombe l'arche. Pause café dans un petit boui-boui, et retour à la fac d'éco. J'avais oublié ce moment, pourtant j'y avais pris beaucoup de plaisir. Le plaisir de ceux qui n'ont rien à faire qu'attendre et déambuler dans cette grande ville, au cours de cet après-midi grisâtre. _e_SP_A0023 SP_A0025 SP_A0027
14 octobre 2008

Enfin un bon roman

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Ça faisait un moment.
J'ai eu un peu de mal à accrocher, je l'avoue, à ce roman que mon pote John m'a offert récemment. Et comme ça faisait quelques mois que je n'avais pas lu d'anglais, il m'a fallu quelques heures pour me remettre dans le bain. Mais cet anglais est assez simple: des phrases rudimentaires, une syntaxe dépouillée, des dialogues réduits à leur plus simple expression...une écriture assez mimétique de cette Amérique ravagée par on ne sait quoi, d'ailleurs, que traversent un père et son fils, dont nous suivons les aventures sous le regard froid d'un narrateur qui restitue par moments les dialogues entre papa et fiston.
The Road...L'éternel thème des écrivains sudistes, ou du moins de mon favori. La ressemblance avec Grapes m'a semblé frappante, et le Pullitzer 2006 mériterait que l'on se penche davatage sur les similitudes entre le récit steinbeckien et cette longue nouvelle de Mc Carthy. Nous passons, dans les deux cas, d'un univers décoratif mais presque frappé de stérilité à l'émergence d'une vie plus forte que tout, plus forte que la mort même. Dans ce texte ravagé par la méchanceté, la haine, la tristesse (ashes, dust, dead woods, corpses...autant de mots qui reviennent comme une litanie) ne subsiste que l'amour entre un père et son fils (amour qui aurait tendance à glisser quelque peu dans le topos, par moments) et la formidable éxplosion de vie apportée par la dernière page.
Un roman que je pensais bien mais sans plus s'est finalement révélé un masterpiece.
Well done !

1 juillet 2009

Oui, ce truc tout moche, c'est mon casier. Enfin,

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Oui, ce truc tout moche, c'est mon casier. Enfin, mon ancien casier, puisque j'ai quitté mon lycée ce matin, ça y est. J'y étais passé, officiellement, pour relever les dernières paperasses, donner les indications pour le suivi de mon courrier et faire des photocopies, mais surtout pour dire au revoir à l'endroit. Je ne voulais pas y mettre une emphase ridicule, dans la mesure où je ferai tout pour y revenir dès qu'une place se libère.
Et en attendant, je suis allé tâter le terrain de mon nouveau collège, où je ferai soit 14h30, soit 18h, selon les résultats d'Emilie. J'ai donc retrouvé mes chers collègues de français, que je connaissais déjà par ailleurs: on est trois profs de français pour l'établissement. C'est minuscule: 250 élèves, 11 classes... Par rapport aux proportions de mon lycée (45 classes, 1500 élèves, 180 profs dont 15 de français), c'est ridicule. "Familial", comme disait la collègue, fière de me montrer les trois romans qui se battaient en duel dans leur petit CDI pourri.
Ca va être un autre mode de fonctionnement, et je pense conserver celui qui me va bien: faire ma petite salade dans mon coin en fuyant les responsabilités, histoire de ne venir que pour les cours et me tailler dès que c'est fini. D'autant plus que ce charmant établissement tout décati est quand même à 40 min de chez moi... Il va falloir négocier les emplois du temps pour obtenir des journées serrées.
Or l'une des collègues en question m'a déjà pris la tête pour qu'on travaille ensemble sur un projet qui ne branche d'ailleurs pas plus que ça. Par chance, ça ne prendrait pas trop longtemps, mais j'ai peur de me faire embarquer dans des trucs qui me soulent. J'ai comme l'impression qu'il vafalloir que je fasse mon désagréable pour faire sentir mon côté "électron libre". Oui, parce que je suis un électron libre, c'est ma tutrice qui me l'a envoyé comme un insulte suprême, alors que j'ai plutôt tendance à prendre ça comme un compliment. Mais bon.
Et la troisième collègue de la ramener: "ah oui, mais ça existe, les profs qui font leur truc et puis c'est tout, ça sert à quoi d'être prof de français si tu les amènes pas au théâtre et tout ça, c'est la vie culturelle, une ouverture au monde et c'est trop trop chouette !" Ben ça c'est le type même de réplique qui me gonfle. Sous prétexte que les élèves sont nuls, on assouplit, on fait des trucs plus ludiques, des cache-misère pour passer le temps qu'on maquille sous le nom pompeux de "projet" ou autre terme prometteur. Je suis jeune et certainement trop puriste, mais ces conneries ça me parle pas: rien ne vaut un cours béton avec exemple-règle-exercices jusqu'à ce que la notion soit rentrée. C'est pas amusant, ça demande des efforts, mais c'est comme ça. Idem pour la lecture: les pseudo-bouquins plus faciles qui leur permettent, soi-disant, d'entrer plus facilement dans la lecture de vrais écrivains, niet. Forcément, un petit torchon blindé de fautes énormes, creux et culturellement vides, c'est non. Madame Bovary, Bel-ami, le Voyage, le Misanthrope... c'est pas évident à remière lecture...Mais au moins, ce sont des livres qui te parleront toute ta vie, qu'on n'aura jamais fini de relire. Tom et le waka-waka, j'en suis moins convaincu.
Ahem. Petite crise journalière.

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