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25 février 2011

Divagations célibattantes.

theatre_8

 

 

 

 

Le théâtre est un genre qui ne m'a jamais attiré. Vraiment, et ce n'est pas faute d'avoir essayé, je n'ai jamais réussi à être vraiment scotché par une pièce. Rares sont celles, mêmes, dont la structure ne m'ennuie pas. Car quitte à voir/lire une oeuvre qui a pour prétention d'être mimétique d'une action réelle (sans entrer dans les verbiages lettro-interprétatifs), je préfère autant les vivre, ces interactions réelles. C'est sûrement pour cela que Racine et Molière me sont les plus chers des dramaturges: j'aime la majestuosité de leur vers, la puissance rhétorique, mais de loin, comme de magnifiques pièces à détacher d'un ensemble, et non comme la mise en papier d'une action transposable. Le verbe, uniquement.
Et plus j'observe mes contemporains avec l'oeil du célibataire, plus je m'aperçois à quel point le couple est une entité à la fois amusante et inquiétante, un système, quasiment au sens philosophique du terme. Une sphère composée de deux éléments imbriqués, qui fait rebond contre le monde extérieur et qui se nourrit d'elle-même.

Il y en a différents types, bien entendu, mais le principe varie peu. Variation sur un même thème: on cherche chez l'autre ce dont on manque chez soi, en somme. Une personne manquant d'assurance cherchera quelqu'un qui la protège, et ainsi de suite. Sans doute est ce pour cela que l'on croise tant de gens bien casés avec de sombres connards/asses. Finalement, c'est ça: on se rassure et on entretient son petit complexe, jusqu'à jouer un rôle, une sorte de psychodrame dans lequel chacun tient la part qui lui est dévolue, le couple tenant tant que les deux acceptent de tenir sa part du contrat. Il peut, bien sûr, y avoir négociation implicite, les rôles devenant alors fluctuants, changeants, mais finalement on passe de l'un à l'autre, d'une configuration A à une configuration B. Telle amie me confiait récemment le désarroi et l'impuissance de celle qui n'arrive pas à sortir son compagnon de sa déprime, ce qui provoquait chez elle un terrible sentiment de vide, dans la mesure où elle voit son rôle remis en question sans le comprendre; une autre connaissance a préféré rester avec son compagnon par faiblesse, confort et lâcheté, par manque de courage, préférant se contenter de peu plutôt que de prendre ses cliques et ses claques pour partir;  une dame récemment, proche de la retraite, me remerciait d'avoir "pris soin" de son mari alors que je n'avais rien fait de particulier, le mari en question n'ayant besoin de personne pour prendre soin de lui; et une amie me conseillait de me faire un petit nid "pour que quelqu'un vienne s'y nicher"...
Finalement, l'autre, de par sa capacité à souligner en creux ce qui fait mal (dans la mesure où on cherche à caler sa bosse contre son creux, et inversement) est une formidable machine à travailler sur soi. Appuyer là où ça fait mal, c'est le meilleur moyen d'avancer, finalement, mais au lieu de ça on s'entretient dans un système dans lequel on entretient sa névrose, on reproduit le même schéma transformable à l'infini mais qui marche sur le même principe. Qui se ressemble s'assemble, ou les opposés s'attirent, finalement ça revient au même: on s'entretient dans un schéma. C'est du théâtre.
Je ne fais pas le malin: c'est à la fois en observant les autres et en faisant un bilan rétrospectif de mes diverses relations amoureuses que je m'aperçois de cela. Et j'ai beau commencer à le comprendre, malgré moi j'aurais tendance à rechercher chez une Autre mon creux et ma bosse pour former notre sphère, avec une partenaire quasi-interchangeable.
Peut-être sert-il à cela, le célibat. A devenir sphérique. 

 

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