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25 juin 2009

Oui, ils prennent des stagiaires pour les oraux du bac

Ben ouais. J'ai reçu la convoc' dans mon casier, sans avoir rien demandé A la réunion me suis pointé, les descriptifs on m'a filé. Cette annonce a soulevé moult commentaires auprès de collègues, en particulier ceux du forum que je fréquente assidûment, sur le fait que, légalement, un stagiaire n'aurait (je dis "n'aurait" parce que personne n'a été en mesure de me montrer le texte de loi sur le sujet) pas le droit de faire passer des oraux du bac, contrairement à ce que nous ont dit nos formatrices IUFM. Et je suis en mesure de me demander pourquoi. Je n'aime pas trop les principes du forum, où les discussions partent très vite dans des engueulades ad hominem interminables, mais les arguments qui m'ont été opposés ne m'ont franchement pas convaincu. J'en veux pour preuve le fait que la plupart des descriptifs que j'ai récupérés sont d'une banalité assez affligeante. Je ne serais guère étonné de savoir que ces enseignants auteurs de ces descriptifs, les mêmes qui sont clairement expérimentés et qui viennent crier comme des putois pour que les stagiaires ne fassent passer d'oral de l'EAF, refourguent depuis une bonne dizaine d'années les mêmes séquences avec les mêmes textes. Alors lequel des deux est le plus légitime ? - le stagiaire qui sort de son CAFEP/CAPES et de sa prépa agreg, dont les connaissances sont encore fraîches, qui a vu toute l'année des élèves de lycée et qui a derrière lui plusieurs dizaines d'oraux blancs à son actif ? (votre serviteur, ahem) - le prof qui a de la bouteille, à tel point qu'il ressort les mêmes cours, les mêmes textes... depuis des années, et qui pérore sur l'inexpérience des jeunes bouseux fraîchement émoulus de la fac de lettres ? Je vous laisse en juger. Quoi qu'il en soit, je ne vois pas en quoi cela pose problème. Je ne me trouve pas plus bête ou plus incompétent qu'un autre, je crois être en mesure d'évaluer le niveau de connaissances d'un élève et de le noter en conséquence de cause, je pense maîtriser les textes que j'ai choisis pour les passages et les avoir préparés convenablement, et je ne vois pas en quoi le fait de ne pas avoir eu d'élève de première en classe entière (car je ne compte plus ceux que j'ai eus en cours particuliers ou en oraux blancs du bac ou de classe prépa, lesquels oraux m'ont été demandés par un lycée, alors que je n'avais pas encore le CAPES...) me rendrait illégitime. Il me semble que sous prétexte de spécialiser les profs, les compétences, les niveaux, on en arrive à enfermer les gens. Tout cela procède d'un mode de pensée profondément catégoriel dans lequel les compétences au sein d'un même domaine sont cloisonnées, fixées, imperméables...A ce compte-là, pourquoi ne pas créer un CAPES pour enseigner le français en sixième, un autre pour le français en cinquième, et ainsi de suite ? Enfin, s'il n'y avait pas eu un prof pour se faire porter pâle, je n'aurais pas été appelé. CQFD, ou presque. ps: Sneshia, merci de ta visite et de ton message! Je répondais moins à toi qu'à tous ceux qui m'ont pris la tête sur le forum avec cette histoire.
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24 juin 2009

Alors, hier j'étais de réserve pour les

Alors, hier j'étais de réserve pour les surveillances. De réserve, ça veut dire que tu bouges ton c.. pour 8h, que tu viens jusqu'au lycée pour remplacer celui qui ne se sera pas levé. N'étant qu'un jeune stagiaire débutant, je n'osais croire que de méchants collègues eussent pu me faire un coup pareil et ternir la réputation exemplaire de la ponctualité enseignante par une telle félonie (mais quand même, je pris mes affaires pour travailler).
Ben si.
Je me suis fait avoir: paf, 3h de surveillance, des STG qui passaient les maths. Du coup, j'ai pris le parti de ren-ta-bi-li-ser. Adoncques je me suis calé au fond de la salle avec mon Macbook (oui, je me la pète, et alors ?) et mes descriptifs du bac français. Et j'ai tapé tous mes descriptifs, les cinquante problématiques des textes sur lesquels je vais faire plancher les petits bacheliers muets d"effroi durant la semaine prochaine. Ca donne à peu près ça:

Séquence 4 (« S’interroger sur la condition humaine par le biais du roman malrucien »), texte 5 (« fin du roman »)
Texte sélectionné : André Malraux, La Condition humaine, 1933, « Cinquante sirènes…ses bras inhumains. » (NB : extrait du roman hors programme)
Problématique retenue : En quoi ce passage montre-t-il un apaisement qui semble inclure, par delà le bien et le mal, tous les actes humains ?

Comme j'aime les choses organisées (et que non, je ne suis pas un psychorigide), tout sera prêt, j'aurai mon petit bordel, mes petits tas, mes trucs et mes machins. John a tout à fait raison: le bac ne sert plus à rien maintenant, ce n'est qu'un rituel de passage, une épreuve commune dont tout le monde pourra se rappeler plus tard. Se pointer dans un endroit inconnu, avec un prof inconnu qui va vous ramasser la tronche, flipper un un bon coup, stresser quelques jours en étant persuadé de s'être planté... Se confronter à ce qu'on croit être un vrai échec est important, dans ce parcours scolaire où il suffit de bosser un minimum pour  arriver. C'est une première confrontation, une épreuve officielle plus importante que le brevet.
Donc je prends ça au sérieux, d'autant plus que j'adore faire passer des oraux. Peut-être en serai-je dégoûté le 8, mais pour le moment il me tarde d'y être. C'est d'autant plus drôle qu'étant ami sur Facebook avec une collègue du lycée qui a une partie des élèves que je vais faire passer, j'ai pu apercevoir leur tronche. Ils font les beaux...pour le moment.
Mais rassurez-vous: je suis effroyablement désagréable pendant l'épreuve, mais très cool au niveau des notes. Et puis pouvoir dire plus tard qu'on est passé à l'oral du bac sur du Malraux, du Céline ou du Pascal, ça n'a pas de prix non ?

bac2001a

20 juin 2009

Le goûter de fin d'année

Ca y est, on peut dire que l'année scolaire est terminée. Ma première année scolaire complète en tant qu'enseignant, la première vraie. Parce que la première vraie de vraie sera l'an prochain, une année débarrassée des conneries d'IUFM et autres formations bidon.

Pour le coup, peut-être est-ce l'innocence gentillette de ma première sortie des cours, mais j'avais préparé un petit goûter à l'attention des élèves qui ont daigné m'honorer de leur présence. Je n'ai pu m'empêcher, au passage, de les faire mariner:

"Kévin:  Allez, m'sieur, c'est le dernier jour, on va pas travailler quand même !
Jules, le regard noir et le cartable impeccable: Pardon ? Est-ce que j'ai une tête à faire des goûters ou des belotes moi ?!
Kévin: ..."

Et pour les faire galérer, je les ai soûlés pendant une demi-heure sur les épreuves du bac de l'an prochain. Avant de conclure: "bon, je crois que l'on a terminé pour cette année. Je vous remercie blablabla, j'ai été très heureux blablabla, j'espère avoir de vos nouvelles blablabla et voici, pour ce faire, mon email. Enfin, pour vous récompenser et pour trinquer aux vacances, voici le goûter !"
C'est ti pas mignon ça ?
Et on a terminé l'heure en discutant avec des bombecs et du Coca. Quand l'heure fut passée, je leur ai dit, encore, au revoir, et ils partirent, tongs aux pieds, auréolés de mon estime. Je doute que je les reverrai au lycée la semaine prochaine, mais je pense que j'en croiserai pas mal à Perpignan, et j'espère que certains, 2 ou 3 en particulier, me donneront de leurs nouvelles.

Bou, ça fait bizarre. Cette année aura été difficile, surtout les trois premiers mois. Mais j'ai quand même eu des élèves en or. Ils étaient sympa, tout simplement. Sympas et pas idiots, on pouvait parler avec eux. Ils faisaient les cons, ils discutaient, ils rigolaient, mais ils étaient aussi facilement recadrables. De fait, les vrais clashes furent assez rares: 4 ou 5, pas plus. C'était, en fin de compte, ce qu'il fallait pour mettre un pied dans le métier dans de bonnes conditions: une demi-classe, des élèves agréables, un lycée qui tient la route.
Je doute que ça dure, mais le début m'a presque fait aimer le métier.

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