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18 décembre 2011

Défi de Noël

Les vacances de Noël sont arrivées. Elles ne sont pas comme les autres, celles-là, et aucune autre période de repos scolaire ne porte mieux, à mon goût, le terme de vacance que ces deux semaines engoncées entre deux années, qui en soulignent le caractère symbolique. Comme si le cap de l'année finissante était si délicat qu'il nécessitait un moment de quant-à-soi, celui où on se retrouve traditionnellement. De fait, on rentre rarement reposé de ces vacances de Noël, les élèves en sont témoins, qui reviennent souvent plus excités que ce qu'ils étaient partis.
Du coup, d'une période d'activité intellectuelle intense, puisque la période Septembre-Noël est celle où on avale la moitié du programme, on passe du jour au lendemain à une pause totale. Ca fait un peu bizarre quand on s'aperçoit que notre corps et notre esprit conservent leur rythme de croisière alors que nous savons justement qu'il est inutile de se réveiller à six heures du matin. Les soirées s'allongent puisqu'on sait qu'on peut se le permettre, mais les constrictions de l'insomnie agissent vers cinq heures et demie pour nous amener progressivement vers le réveil.
Ainsi, me retrouvant hier dans cet état de semi-frustration intellectuelle, une amie pianiste et moi avons décidé de nous pencher sur un gros morceau. Du lourd, du très lourd, que nous ne finirons pas, ou pas tout de suite, tant il est long: la fantaisie en fa mineur, de Franz Schubert.
Un morceau important pour moi. D'une part, il est très beau. Alors que je n'aime pas, tant en musique qu'en littérature tout en ne comprenant pas pourquoi on fait une fixette, depuis plus d'un siècle et demi sur des jérémiades- spécialement les romantiques, tant Chopin, que j'excècre, que Lizst, qui m'agace, cette Fantaisie m'a toujours plu. De ce goût que l'on éprouve certainement pour les oeuvres qui ne sont pas très difficiles d'accès quant à leur composition globale.
Cette musique ressemble davantage à une sonate dont on aurait joint les mouvements au lieu de les séparer. Les musicologues en distinguent quatre, j'en ai toujours senti trois, tant à l'oreille qu'à l'interprétation (cliquer sur les liens pour accéder au musique, puisque ces p*** d'hébergeurs de m*** de Canalblog ne laissent plus insérer des vidéos, la c**$ de leur race. Tout en sachant que s'il n'y a qu'un passage à écouter, que ce soit le troisième):
   - un mouvement lent, très mélancolique, sombre et masculin. Celui, précisément, que l'on travaille: http://www.youtube.com/watch?v=ED8NDXBWUok
   - comme pour pallier la tristesse, un long passage, plus rapide celui-là. Non pas gai, n'exagérons rien (peut-on d'ailleurs parler une seule fois de joie chez Schubert ?), mais dont on dirait plutôt qu'il force une certaine allegresse, qu'il veut paraître. J'y ressens un je-ne-sais-quoi, comme on disait, de très féminin. Un rire de verre brisé: http://www.youtube.com/watch?v=F7W2-NVJasA&feature=related
   - enfin, un retour au thème initial, qui s'infléchit progressivement pour devenir un mélange des deux tonalités précédentes. Cette clôture m'a toujours paru comme un pendant aux deux autres parties. Comme si elles se rejoignaient pour devenir enfin complémentaires. Une fin absolument déchirante, qui donne tout son sens à l'oeuvre quand on sait -enfin, on sait...c'est ce que l'Histoire en a retenu- qu'elle a été composée pour une femme dont Franz était amoureux, d'un amour non partagé. Une Fantaisie pour deux pianistes, qui tend justement vers l'union et la complétude de deux tempéraments: http://www.youtube.com/watch?v=D-KEcDa-zDo&feature=related

Je n'y croyais pas trop, quand on a commencé. Cette oeuvre faisait partie depuis longtemps de celles dont je me disais que je les attaquerai bien plus tard, d'ici une ou deux bonnes dizaines d'années. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque deux heures plus tard, je m'aperçus que nous avions avalé deux lignes et demi et que malgré les quatre bémols à la clé et mon petit niveau, le résultat n'était pas si mal. Ca ressemblait à quelque chose, quoi. Disons aussi que la partie gauche me paraît nettement plus difficile, et que l'excellent niveau de ma partenaire y est pour la majorité. Mais quand même, c'est dans ces moments-là que je m'aperçois que le travail de fond et de torture que m'impose mon prof de piano n'est pas vain.
Il reste à voir jusqu'où on parviendra. Mais à la limite, cela a presque peu d'importance, même s'il faut vingt ans pour la terminer. Rien ne presse.

 

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