Vider la corbeille ?
Sans entrer dans les poncifs sur les vilaines ondes ou la société de consommation, il faut avouer que ces nouveaux téléphones, c'est le bien. Je me rappelle de mon premier téléphone, c'était un Sony Ericsson, avec une petite antenne, un écran LCD ridicule et la molette sur le côté pour faire défiler les différents curseurs. Je ne l'ai pas retrouvé sur le net, mais il ressemblait approximativement à ça:
J'ai dû le garder trois ou quatre ans avant de le casser accidentellement, une durée de vie que nos téléphones n'atteignent quasiment plus, désormais.
Maintenant, j'ai toujours un Sony Ericsson, une machine de guerre que j'ai mis plusieurs mois à apprivoiser. Et il faut avouer, c'est magique: il me sert de boite mail, d'appareil photo, de clé USB et accessoirement de téléphone. En clair, c'est un ordinateur, qui a remplacé le carnet moleskine des anciens temps. Pourquoi sortir mon appareil photo ? Mon portable fait des clichés/films de meilleure qualité. Et au lieu de noter des souvenirs, je photographie et je retiens, j'envoie parfois un MMS au lieu d'une carte postale. Un truc marrant ? Emouvant ? Un renseignement ? Le portrait d'un/e ami/e ? Hop, tout est intégré avec tant de facilité que l'on oublie tout ce que l'on peut stocker. J'ai été surpris de voir ce matin pas moins de 643 photos sur la carte de mon téléphone. Calculons un peu: j'ai récupéré ce téléphone le 22 novembre 2010, on est le 22 février 2012, à peu de choses près, soit 15 mois, soit environ 450 jours. Soit 1,4 photos par jour depuis que j'ai cet appareil. En clair, j'avais sous les yeux le journal de près d'un an et demi de ma vie, sous différentes formes, avec plein de sujets différents. Quelques perles:
- la bouteille de Limoncello que j'ai vidée un soir de Novembre au téléphone avec quelqu'un de (déjà) très spécial
- l'imitation de Michel Onfray par John
- ma copine Sophie qui met un doigt au mannequin homme des Galeries Lafayette de Paris
- la SV 650 que j'ai essayée un soir de Novembre
- les moultes photos de mon filleul et ma filleule, au fur et à mesure qu'ils grandissent, les bougres
- Jules triomphant dans le taudis que j'étais en train de visiter
...
Et ce matin, j'ai choisi de sauvegarder tout ça sur une clé, et de tout effacer pour reprendre les choses à zéro. Pour libérer de la place sur mon téléphone, qui commençait à ramer sévère; pour ne plus risquer qu'un accident quelconque me fasse perdre tous ces dossiers, et dieu sait qu'il y en a. Aussi parce que j'ai envie d'avancer, de commencer plein de choses sans pour autant en abandonner certaines. J'ai une tendance au culte des souvenirs qui parfois me gêne un peu. C'est ainsi que mon appartement est truffé de souvenirs et de photos en tous genres. Comme un besoin de garder auprès de moi ces moments, ces gens qui me sont chers. Ils m'entourent et me rassurent. Je jette parfois, quand je veux oublier ou quand les souvenirs ne m'intègrent plus, sont reconnus comme étrangers à ce que je suis devenu. Ce serait une bonne idée de blog, ça: les objets que l'on aime. Il y a celui de ce photographe qui demande à ses modèles de rassembler les objets qui lui sont chers sur un cadre. Je ne le retrouve pas, hélas.
Enfin. En un clic, stocker, matériellement, quinze mois de souvenirs, ça fait bizarre, mais ça fait du bien en même temps. Comme pour rappeler qu'aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie.
Et ça c'est cool. So I clicked