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21 février 2012

Vider la corbeille ?

Sans entrer dans les poncifs sur les vilaines ondes ou la société de consommation, il faut avouer que ces nouveaux téléphones, c'est le bien. Je me rappelle de mon premier téléphone, c'était un Sony Ericsson, avec une petite antenne, un écran LCD ridicule et la molette sur le côté pour faire défiler les différents curseurs. Je ne l'ai pas retrouvé sur le net, mais il ressemblait approximativement à ça:

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J'ai dû le garder trois ou quatre ans avant de le casser accidentellement, une durée de vie que nos téléphones n'atteignent quasiment plus, désormais.
Maintenant, j'ai toujours un Sony Ericsson, une machine de guerre que j'ai mis plusieurs mois à apprivoiser. Et il faut avouer, c'est magique: il me sert de boite mail, d'appareil photo, de clé USB et accessoirement de téléphone. En clair, c'est un ordinateur, qui a remplacé le carnet moleskine des anciens temps. Pourquoi sortir mon appareil photo ? Mon portable fait des clichés/films de meilleure qualité. Et au lieu de noter des souvenirs, je photographie et je retiens, j'envoie parfois un MMS au lieu d'une carte postale. Un truc marrant ? Emouvant ? Un renseignement ? Le portrait d'un/e ami/e ? Hop, tout est intégré avec tant de facilité que l'on oublie tout ce que l'on peut stocker. J'ai été surpris de voir ce matin pas moins de 643 photos sur la carte de mon téléphone. Calculons un peu: j'ai récupéré ce téléphone le 22 novembre 2010, on est le 22 février 2012, à peu de choses près, soit 15 mois, soit environ 450 jours. Soit 1,4 photos par jour depuis que j'ai cet appareil. En clair, j'avais sous les yeux le journal de près d'un an et demi de ma vie, sous différentes formes, avec plein de sujets différents. Quelques perles:
 - la bouteille de Limoncello que j'ai vidée un soir de Novembre au téléphone avec quelqu'un de (déjà) très spécial
 - l'imitation de Michel Onfray par John
 - ma copine Sophie qui met un doigt au mannequin homme des Galeries Lafayette de Paris
 - la SV 650 que j'ai essayée un soir de Novembre
 - les moultes photos de mon filleul et ma filleule, au fur et à mesure qu'ils grandissent, les bougres
 - Jules triomphant dans le taudis que j'étais en train de visiter
 ...
Et ce matin, j'ai choisi de sauvegarder tout ça sur une clé, et de tout effacer pour reprendre les choses à zéro. Pour libérer de la place sur mon téléphone, qui commençait à ramer sévère; pour ne plus risquer qu'un accident quelconque me fasse perdre tous ces dossiers, et dieu sait qu'il y en a. Aussi parce que j'ai envie d'avancer, de commencer plein de choses sans pour autant en abandonner certaines. J'ai une tendance au culte des souvenirs qui parfois me gêne un peu. C'est ainsi que mon appartement est truffé de souvenirs et de photos en tous genres. Comme un besoin de garder auprès de moi ces moments, ces gens qui me sont chers. Ils m'entourent et me rassurent. Je jette parfois, quand je veux oublier ou quand les souvenirs ne m'intègrent plus, sont reconnus comme étrangers à ce que je suis devenu. Ce serait une bonne idée de blog, ça: les objets que l'on aime. Il y a celui de ce photographe qui demande à ses modèles de rassembler les objets qui lui sont chers sur un cadre. Je ne le retrouve pas, hélas.
Enfin. En un clic, stocker, matériellement, quinze mois de souvenirs, ça fait bizarre, mais ça fait du bien en même temps. Comme pour rappeler qu'aujourd'hui est le premier jour du reste de ma vie.
Et ça c'est cool. So I clicked

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9 février 2012

Ce prof là

Mon prof de piano, c'est un chieur né. Je l'ai trouvé par hasard, dans une académie dans laquelle  j'allais souvent travailler (parce que bosser sur un piano à queue, ça ne se refuse pas), et on avait eu l'occasion de discuter. Puis je me suis enhardi jusqu'à lui demander s'il aurait le temps de me prendre sous son aile parce que celui que j'avais, il était bien gentil mais je sentais qu'il me dirigeait plus vers

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que vers

41787_129379800688_3871_nDonc bon, j'avais envie d'aller vers des cours plu consistants, plus ardus. Mais je ne m'attendais pas à ça. Soyons simples, sur une heure et quart de curs, environ, nous devons jouer, véritablement et sans exagérer, moins de dix minutes, comme si cela n'avait aucune importance. Le reste est consacré à l'essentiel, à ce qui me permettra d'avancer véritablement, selon lui: apprendre à jouer du piano. Le placement de la main, du poignet, du bras, de l'ensemble du corps, de la respiration même... Les gammes aussi: toutes les majeures la première année (accords parfaits, arpèges en noire, croche, triolet et double croche, renversements...), avec récapitulation systématique, et depuis quelques mois les mineures: la, ré, sol, do, fa, si bémol en ce moment...
De la rigueur, de la rigueur, de la rigueur. Avec lui, je touche du doigt tous les défauts qui vont jusqu'à déborder bien au-delà du piano: l'indécision, l'imprécision, le fait de se contenter d'un globalement bon plutôt que d'un précis, clair, carré et parfait. "Ton Mozart, c'est de la soupe", ai-je donc appris hier. Et il m'a montré, par a+b, que c'était vrai je ne jouais pas deux fois le même rythme, et aucun des deux ne correspondait vraiment à ce qu'indiquait la partition.
Idem pour les morceaux, d'ailleurs, qui doivent être vus selon un ordre bien précis: la main droite par coeur, la main gauche par coeur, les deux mains ensembles en lisant, les deux mains ensemble en lisant et en chantant la main gauche (ho-rri-ble), et enfin, les deux mains ensemble par coeur. Comme ça, le morceau est décomposé, analysé dans sa moindre difficulté. A certains moments, il s'arrête sur une mesure pour montrer comment le compositeur change de tonalité, par exemple (combien de fois s'st-on arrêté comme ça sur le concerto en ré majeur de Haydn !). Et même si cela était rébarbatif, les choses se lient, s'éclairent les unes avec les autres, trouvent une cohérence. La montée qui me paraissait si difficile dans tel morceau se simplifie lorsque j'ai compris que c'était une gamme qui se développait, tels accords récurrents n'étaient que la transposition de ceux qu'on a vus en cours...donc au lieu d'appliquer bêtement, il me faut jouer intelligemment. Certains cours, à cet égard, m'apparaissaient lumineux car j'avais la sensation de com-prendre, de repartir avec quelque chose qui m'était jusque là frémissant, mais irréductible. Poser des mots sur les sensations, court-circuiter les déductions jusqu'à les faire entrer dans un logos clair et identifiable. Maintenant seulement, je redécouvre les sonates de Beethoven et je commence à comprendre quelque chose.

Et cette façon de bosser, avec rigueur et intelligence, tout en sachant parfois titiller l'égo pour stimuler l'avancée, j'essaie de l'appliquer dans mes classes, plus que je ne le faisais auparavant, où j'avais tendance à transposer un certain flou jusque dans mes cours, une charge d'imprécision, de part laissée à la déduction. Paradoxalement, je pense être devenu plus tatillon, mais que les élèves en deviennent plus rigoureux. Au lieu, comme me le demande mon prof, de rejouer une mélodie en en changeant la tonalité, je les fais réécrire des phrases en altérant les effets. Je m'efforce moi aussi de "ne pas avoir vocation à former des singes savants."
Mon prof, je le kiffe.

8 février 2012

De clarinettis

woody-allen-clarinettisteCertains seront peut-être désespérés ici de voir encore s'écrouler un pan de ma discutable virilité. Discutable, parce qu'un jeune prof de trente ans qui aime le piano, la littérature, les bébés et faire rire tout en injectant du savoir à une classe de trente poupous, c'est un coup à faire fissurer le granit que des milliers d'anées de civilisation a pris soin de construire fermement. Les mecs, ça aime les motos, les grosses bagnoles, la bière et les gonzesses.
Mais je n'en ai cure, et je vais en profiter pour vous raconter une des plus belles expériences de feu 2011. J'étais à Nice, bloqué en centre ville pour une après-midi (ou UN après-midi, j'ai jamais su ce qu'il allait dire), et même si le vieux Nice est un endroit charmant, je commençais à m'emmerder sévère lorsque j'entendis de la musique. Il me fallut moins de vingt secondes pour reconnaître Mozart. Guidé comme un marin dans la mer sicilienne, j'allai donc plonger mes oreilles vers ce coin-là: deux clarinettistes jouaient des duos de Mozart pour clarinette, comme ça en pleine rue. Fallait oser, et ils ont eu raison. Du coup, j'ai passé l'après-midi sur la terrasse d'un café miteux à écouter ces deux musiciens jouer du Mozart. Les gens s'arrêtaient, écoutaient quelques dizaines de secondes et passaient leur chemin. Chose curieuse, les enfants étaient fascinés, moins par ces instruments bizarres que par cette musique qu'ils semblaient déjà connaître sans l'avoir jamais entendue. Le miracle Mozart fonctionne à nouveau, 220 ans après.
C'est là, probablement, qu'est venue mon envie de commencer la clarinette. Jusque là, je n'avais jamais fait vraiment attention aux sonorités de cet instrument. Je les trouve douces, entêtantes, hypnotiques, dans une certaine mesure. L'instrument est joli aussi, bien plus pratique à transporter qu'un piano. J'ose croire que sa pratique est moins complexe que ce dernier, ne serait-ce que parce qu'il n'y a qu'une clé au lieu de deux, et que l'on ne joue qu'une note à la fois. 
Cette année 2012 s'annonce éprouvante, pour différentes raisons. Mais maintenant qu'une accalmie se profile à l'horizon, je vais enfin voir mon prof de musique pour qu'il m'apprenne les rudiments.
Ne serait-ce que pour voir.

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