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27 juin 2011

Ces bons élèves qu'on flingue

medium_bonnet-d_ane

"Les bons élèves, ils s'en sortent toujours ! "
Oui, ça c'est l'un des poncifs les plus stupides qui soient, et hélas l'un de ceux qu'on entend le plus souvent.

Aujourd'hui, réunionnite supplémentaire. Ordre du jour: les oraux d'histoire de l'art en troisième, nouvelle épreuve qui sanctionne les candidats au brevet sur une analyse d'oeuvre ou de thème portant sur l'art du vingtième siècles. Divisés en groupes de deux ou trois, et répartis selon les collègues, chaque groupe doit à la fin de l'année présenter leur production à un jury constitué de deux enseignants autres que leurs tuteurs.
Ce fut catastrophique. Des productions minables, aucune réflexion, du copier/coller débile, pas de travail... Les élèves qui ne se sont pas investis ont récolté des notes de merde. Et ont été mis en place pour ces cancres des "sessions de rattrapage" pour pallier la paresse de ces gens-là, sous prétexte du caractère inédit de l'épreuve, de la sévérité de certains jurys (celui clairement visé était constitué d'un collègue et de moi-même, "je savais que ça allait casser", a conclu notre directeur...), de la présence d'oraux de rattrapage au baccalauréat... donc ces élèves-là ont récolté une note au final plutôt bonne (15 à peu près) compte tenu du copier/coller merdique qu'ils avaient fait, tandis que ceux qui avaient joué le jeu et travaillé pour de bon sont restés avec leur note, entre 15 et 17 en général.
Quelle leçon tirer de tout cela ?
- il vaut mieux, et je ferais pareil à leur place, ne rien foutre et assurer un rattrapage en bossant une soirée la veille de l'épreuve.
- j'ai noté certains candidats et le temps que j'ai perdu à estimer leurs productions a été tenu comme négligeable.
- les élèves qui sont sérieux ont été lésés.

Et c'est cela qui me semble le plus représentatif de notre médiocrité actuelle: les bons élèves paient pour les mauvais, ils sont inévitablement tirés vers le bas en vertu, et je dirais presque à cause, de leur capacité à intégrer vite et bien les informations, de leur régularité dans le boulot, de leur investissement personnel. Un bon élève, par exemple, est toujours placé à côté d'un agitateur, "ça le canalise". Certes, mais quel est le prix à payer pour celui qui se coltine le branleur d'à côté ? Cela est un exemple parmi tant d'autres. Au lieu de cultiver le goût de l'effort, on rabaisse l'effort à n'être plus qu'un dédain. On en vient à se féliciter de ce qu'un élève tienne bien son cahier, et même à lui donner une note pour cela. Au lieu de confronter l'apprenant à sa difficulté, on aplanit la difficulté.
Entendons-nous bien: progresser par paliers, monter le niveau progressivement est une bonne chose, et c'est ce qu'il faut. Le but du jeu n'est pas de dégoûter l'apprenant. Mais se contenter des quelques miettes qu'il daigne, car on est dans le règne du dédain (dé-dignare, ne pas juger digne de), nous jeter et se voir remis en question dans ses exigences fait partie de ces insultes qui me donnent envie de changer de boulot et de partir élever des chèvres.

Est-il étonnant de voir proliférer un tel manque de conscience de l'Autre, nous ne parlons même plus de respect, si l'Autre n'est pas en mesure de faire valoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas ? S'il est normal à quinze ans de rendre un torchon à deux enseignants et de se voir encouragé dans ce mépris (participe passé substantivé de mal-prendre, mal-appréhender, au sens physique du terme), comment l'adulescent devenu adulte comprendra t-il qu'il est mal de violer une joggeuse ? Faut-il que ce soit la justice qui doive confronter les gens à leurs actes, sous couvert de "l'institution qui est faite comme ça" ou de "il faut être indulgent" ?
Les deux choses sont-elles tellement différentes ? Je commence à en douter, en voyant le mammouth s'engluer dans le marécage qu'il s'est créé à force de piétiner.
Et ceux qui jouent le jeu continuent de se faire enfler. 

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Commentaires
C
Quand le grand est arrivé en 6ème, le prof principal m'a sorti "vous inquiettez pô ! il passeras de classe en classe même avec trois de moyenne, on les fait plus redoubler"<br /> et au brevet, t'as une fournée de futurs chomeurs professionnels, près à se faire de la tune ilégalement, parce que travailler, ça fatigue !<br /> Le gamin bosse comme un dingue, veut être pilote d'hélico à la sécurité civile et SP, il sait ce qu'il veut, mais j'ai du tenir tête au rectora qui voulait me le mettre en boulangerie alors qu'on a demandé sécurité civile option SP, et que ses notes sont plus que correctes<br /> A croire qu'ils remplissent des filières et basta, rien à faire des mômes
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