Chose lue...
...Il y a quelques jours sur un site célèbre qui "vous permet de rester en contact et d'échanger avec les personnes qui vous entourent", le commentaire d'une amie sur notre beau métier:
Phrase intéressante, publiée il y a déjà quelques jours et passée à la trappe depuis, tellement les choses changent vite. Mais il n'en reste pas moins que ce commentaire, ce "statut" m'a quelque peu interpellé, dans la mesure où il établit un rapport direct entre le rayon d'action, l'étendue de notre capacité à faire évoluer les élèves; et la vanité personnelle que nous serions en droit d'en tirer. Il nous serait permis d'avoir "la grosse tête" dans la mesure où notre métier nous permet de changer le monde. Action-réaction, CQFD, action-réaction vigoureusement, justement (et poétiquement) dénoncée par cette amie qui s'insurge, manifestement, contre le comportement de certains collègues. A juste titre, peut-être.
Mais ce qui me dérange dans ce message, c'est l'intime conviction que notre métier ne va pas changer le monde. Prosaïquement, j'aurais tendance à penser que ce sont les nouvelles générations, celles qui arrivent, celles qui sont assises tous les jours pour partager nos cours, qui vont, effectivement, changer le monde. Et dans la mesure où nous participons directement à l'édification (vilain mot, mais dont la sonorité m'a toujours plu) de ces chers bambins, je ne vois pas ce qu'il y a de choquant à penser qu'effectivement, nous participons carrément à changer le monde.
De fil en aiguille, cela me rappelle une anecdote qui s'est déroulée jeudi dernier. Profitant d'un devoir, je m'étais mis à vérifier les cahiers de mes élèves: propreté, tenue générale, clarté des cours... et en ouvrant le cahier de l'un d'eux, j'ai vu sur la page de garde, écrit en gros, FRANCAIS. Jusque là, rien de plus normal, s'il n'y avait écrit en dessous: FRANCE, et, plus bas, aux français... Je dois bien l'avouer, et j'ai presque honte de l'écrire: en dépit de la surprise et de la colère, je n'ai rien fait. J'ai continué mon inspection de ce cahier et des suivants car 1/je ne voulais pas réagir à chaud sans y avoir réfléchi, et 2/le devoir était lancé, me lancer dans une diatribe eût été hors de propos. Il va falloir réagir d'une manière ou d'une autre, c'est évident, mais je ne sais, sincèrement, pas comment m'y prendre. Peut-être sous forme de débat, j'en sais rien.
Mais pour revenir à nos moutons, il me parait d'autant plus urgent, en vivant ce type d'anecdote, d'être convaincu que oui, nous contribuons en première ligne à l'édification (oui, je sais) du monde de demain. Non en voulant que nos élèves deviennent ce que l'on voudrait qu'ils soient ou ce que l'on aurait aimé devenir, mais en leur donnant leurs propres armes pour penser et bâtir le monde.