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22 mai 2010

Jorge Luis Borges

borges7

Suite à une discussion de plus -ou de trop, sur ce sujet- avec mon copain François lors des apéros du vendredi, je me suis replongé dans Borges. Jorge Luis Borges, l'un des auteurs qu'il faut à tout prix avoir lu dans sa vie. Ses nouvelles sont, il faut bien le dire, difficile à suivre. Elles n'ont pas la fluidité et la concision des romanciers américains, elles sont bourrées de références assez sibyllines pour moi, qui n'ai pas une connaissance très pointue des textes théologiques, ce qui donne parfois la désagréable impression de passer à côté de plein de choses essentielles. Sur les Fictions et le Livre de sable, qu e j'ai relu pour l'un et découvert pour l'autre, force est d'avouer qu'il n'y a que trois nouvelles qui m'aient vraiment marqué: La Bibliothèque de Babel, qui ouvre des perspectives vertigineuses sur le problème de l'écriture littéraire; Funes ou la mémoire, dans laquelle un homme devenu paralysé après avoir été frappé par la foudre se retrouve doté d'une mémoire infinie qui lui permet de se rappeler éternellement de chaque détail entrevu à chaque instant, image à mon sens d'une vie en cage, paradigmatique, qui ne peut se développer; enfin le livre de sable, livre qui n'a ni début ni fin, et dont on ne peut retrouver la page que l'on a lue précédemment (il me souvient que Glenn Gould disait la même chose au sujet des variations Goldberg: elles n'ont ni début ni fin, expression paradoxale s'il en est): « Le nombre de pages de ce livre est exactement infini. Aucune n'est la première, aucune n'est la dernière. »

 

Borges est mort en 1986, et en lisant un petit livre de discussions/interviews/conférences de lui, j'aurais aimé savoir ce qu'il qu'il aurait pensé du phénomène Internet, s'il l'avait connu dans son expansion actuelle. Existe-t-il une bibliothèque de Babel plus inextricable que ce labyrinthe de blogs, de liens, de textes, d'endroit où la notion d'auteur soit la plus bafouée ? Je ne suis pas loin de considérer cette nouvelle comme l'une des plus visionnaires qui soit, dans la mesure où elle est représentative d'une double schizophrénie de l'identification et de la perte d'identité. Successivement soumis au règne de l’identification, du réseau, de la reconnaissance ; et en même temps détenteur d’une liberté intellectuelle qui n’a jamais été aussi puissante et absolue, il semble que les notions d’auteur et de lecteur tendent à se déliter, à se diluer de plus en plus. A en croire la profusion d’études actuelles sur le thème du plagiat. De la même manière que Borges considérait ses œuvres comme du sable sans importance.
Un bon sujet de discussion pour cet été entre happy fews.
 

 

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Commentaires
M
Content de te lire à nouveau !<br /> Je ne connais pas du tout Borges, mais j'espère avoir le temps cet été de lire La Bibliothèque de Babel, tu m'en as donné envie !
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