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12 juillet 2009

Celui-là, je le terminerai peut-être. C'est bien

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Celui-là, je le terminerai peut-être. C'est bien parti, en tout cas, je dois en être aux deux tiers, et il m'intrigue tellement que je le finirai probablement, moins pour savoir ce que devient cette pauvre Tess que pour savoir où l'auteur veut en venir.
Parce qu'il est vraiment étrange, ce roman. J'ai du mal à le cerner, peut-être est-ce dû au fait que je ne le lis pas en anglais et que sa traduction tend à lui conférer un côté éthéré qui est absent dans le ton de l'auteur. Mais je n'avais pas le courage d'entamer en VO un livre aussi gros.
Donc Tess d'Urberville. La quatrième de couverture, que tout le monde lit, mais dont le principe m'a toujours paru être une absurdité, indique: "Jeune paysanne innocente placée dans une famille, Tess est séduite puis abandonnée par Alec d'Urberville, un de ses jeunes maîtres. L'enfant qu'elle met au monde meurt en naissant.
Dans la puritaine société anglaise de la fin du XIXe siècle, c'est là une faute irrémissible, que la jeune fille aura le tort de ne pas vouloir dissimuler. Dès lors, son destin est une descente aux enfers de la honte et de la déchéance."

Donc je m'attendais à une variation sur le thème de La Lettre écarlate. Ben pas du tout, à vrai dire ce bouquin a davantage tendance à me rappeler L'Assommoir, avec un je-ne-sais-quoi de Whitman ou de Thoreau (prononcez Sôwô, et non pas Tôrô, comme le fait un critique chevelu, tic de langage qui en dit long, par ailleurs sur sa bovinité...Enfin bref). Ce qui est indiscutable, c'est qu'il s'agit avant tout d'un roman victorien. Un vrai de vrai. Bien long, avec une narration qui embrasse une période de plusieurs années, narration on ne peut plus irrégulère par ailleurs: il est fréquent que l'auteur procède à des ellipses assez longues, ce qui est d'autant plus frappant que l'action est quand même globalement lente. Quoi qu'il en soit, on saisit vite que l'intérêt du roman n'est pas tellement de dresser le portrait de la vie paysanne du Wessex, mais de faire un hymne à la nature et à la féminité. C'est cette féminité qui transpire dans ce roman, qui le rend, paradoxalement, assez proche d'un Steinbeck ou d'un Whitman que de Zola ou Fontane, dont on a tort, à mon avis, de vouloir les rassembler dans le programme de littérature comparée d'agreg.
Car c'est ainsi que j'en suis venu là: en lisant ce foutu programme d'agrégation: "Destinées féminines dans le contexte du Naturalisme européen."  Programme magnifique s'il en est, mais qui présente comme des dissonnances: des trois romans, le seul qui paraisse vraiment naturaliste, au plein sens du terme, c'est Nana. Cela implique une subordination implicite qui entraîne des petits raccords regrettables. Je ne pense pas qu'Effi Briest mérite la qualification de roman naturaliste (on est bien plus proche avec Fontane de Zweig, de Mann ou d'Hofmannsthal que de Zola, dans une époque un peu éculée de prestige terni), encore moins Tess, qui se pose très clairement comme un roman victorien, même teinté du profond mysticisme panthéiste que je vien vaguement d'évoquer. Tout au plus peut-on retrouver dans ces trois oeuvres le projet cher à Barthes ou Auerbach, mais il me paraît abusif de les faire rentrer dans la case "naturaliste". Personnellement, je me serais contenté d'un "du dix-neuvième siècle".

Mais enfin. Il reste que Tess est un très beau roman, bien que particulièrement étrange, et comme toute belle oeuvre doit se clore par une boucle, je peux déclarer que je lui jetterai un honneur insigne: je le terminerai.

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Commentaires
M
Bonjour, mon professeur de Français m'a donner à lire ce roman que j'ai apprécier main je ne vois pas en quoi il est naturalisme je trouve qu'il se rapproche plus du réalisme car le réalisme est là pour dépeindre la réalité sans artifices et le naturalisme la science à moins que ce roman soit naturaliste par les recherches sur la vie paysannes que Hardy ait pu faire? Mais je ne cerne pas trop ce pourquoi il est naturaliste. Je vous laisse sur ces piètres mots, en éspérant une réponse.<br /> Mes salutation les plus distinguées.
K
Je te conseille Jude l'Obscur, du même auteur. Moins connu, mais pas moins intéressant.
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