4 mars 2008
Une belle phrase
Enfin, belle, non, pas tellement. A vous de juger:
"Ce qu'il faut c'est décourager le monde qu'il s'occupe de vous...Le reste c'est du vice."
Céline, Mort à Crédit
Du pur Céline, en concentré. Mort à Crédit est une sorte d'autobiographie (je dis sorte car à force de voir cette étiquette si simple réduite à une peau de chagrin par tous ces universitaires, je ne suis plus sûr de rien. Ca doit être ça, être brillant, pour ces gens-là: remettre en question des trucs simples pour faire croire qu'on en saisit un fondement bien plus radical), c'est assez atroce, mais on retrouve le souffle de Céline, si dévastateur, cette syntaxe morcelée, cette haine viscérale. Cette phrase arrive comme un cri de haine lancé à l'issue d'une scène où le jeune Ferdinand vient de se faire injustement virer de son travail d'adolescent. C'est comme ça, Céline. Tout est déformé, comme si l'on voyait les scènes nageant dans une éprouvette d'acide. On se demande pourquoi on trouve ça beau, finalement. C'est pas beau, Céline, c'est puissant: le lecteur est arraché et projeté dans cet univers déformant, dans cette brutalité du langage, à l'image de ses personnages qui subissent de plein fouet la violence et l'absurdité de leurs expériences.
Enfin.
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