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27 janvier 2014

Monologues

Ca va le faire.
Et pourquoi ? tu t'es déjà planté il y a cinq ans, y a pas de raison que ça marche maintenant.
Oui, je sais, mais bon, la donne est différente cinq ans plus tard.

On s'en fout, mais ouais, on s'en branle...
Non on s'en branle pas, t'imagine !

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T'imagine quoi ?
Ben papa et agrégé, sur une année, ça le ferait, non ?
Non, en fait c'est surtout pour les thunes...

Et le prestige aussi, personne le dit mais tout le monde le sait. Agrégé c'est la classe.
La classe de quoi ? Tes élèves seront les mêmes, hein.
En attendant c'est super flippant, Arcueil, il paraît.
On s'en fout, mais ouais, on s'en branle...

?
Attends, doit y avoir pas plus de quinze postes, sur la FRANCE ! Faur arrêter de rêver un peu, là.
En même temps, "si elle elle l'a eu, toi tu peux l'avoir hein, et large en plus."
De toute façon, je veux pas continuer ce boulot, je veux être maïeuticien.
N'empêche. "Tu as toutes tes chances".
Et puis si tu l'as pas t'as une bonne excuse, attends, avec tout ce que t'as eu à faire.
Le XVII°, ça peut pas retomber, si ?
Je sais pas, j'ai comme une intuition que ça peut, que ça pourrait le faire.
Tu vas faire quoi le reste de la semaine avec tes élèves ?
On s'en fout, mais ouais, on s'en branle...
Et puis faut que tu sois indulgent avec toi-même aussi, hein.
Il faut absolument les numéros des lettres et des chapitres dans tes citations !
Ca tombe bien, je les ai enregistrés aussi.
Et toute cette énergie pour des résultats blancs aussi nazes ! 7, 9, 11, tu veux aller où comme ça ?

J'sais pas moi, tous ceux qui l'ont eu en ont douté aussi.
Un sandwich, des bonbons, des fruits, de la flotte, des stylos, boules Quiès, paperasses...
C'est que tu as encore besoin de te prouver des choses.
Y a des sessions comme ça où on fait tout frontalement, et où tout passe.
T'as déjà fait des oraux blancs ?
"Le plus dur c'est pas les écrits, c'est les oraux."
Non mais c'est bon, tu joues pas ta vie là.
Et hop, agrégé comme ça plus besoin de te prendre la tête financièrement ! Ou moins, en tout cas...



VOS GUEULES !!!

 

 

 

 

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21 janvier 2014

Aujourd'hui j'ai croisé...

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Une connaissance jaune et noire qui trouvait beau ce que j'ai écrit,
Un cygne blanc piquant une tête dans un lac gris,
Une coureuse grise qui faisait la tête autour du même lac,
Et un modéliste qui la levait vers son avion.

Une classe de filles dans les vestiaires d'un gymnase,
Une prof trop maquillée qui ira "pour rien" au concours,
Un vingtenaire menotté encadré camionné,
Et deux collégiennes planquées dans un photomaton.

Un élève qui fait glisser les pingouins,
Une fleuriste qui a passé "une très sale matinée",
Des tulipes cuivrées dans un verre bouteille italien,
Un sourire roux aux yeux verts de coquillettes,
Et les "Poum poum" intérieurs de mon fiston.

Il y a des jours bêtes comme ça
Où ça va.

19 janvier 2014

Bienvenue mon fils

Bienvenue mon Fils,
C'est un grand honneur que de pouvoir t'écrire ainsi par-delà le temps et l'espace. Il a fallu vaincre beaucoup de résistances pour oser m'affranchir de ces règles ridicules qui régissent le monde des Fossoyeurs, les poussant à sourire d'un air condescendant en comprenant que je ne m'adresse qu'à un fœtus à peine viable. Comme si tu pouvais lire ces lignes ! Comme si tu savais lire !

Peu importe, nous savons toi et moi que tu le peux, que tu m'entends. La communication est un phénomène inaltérable.

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Tu sais, à peine l'air aura-t-il pénétré dans tes poumons que tu devras déjà vingt mille euros à cette société qui t'accueille, pour contribuer à réparer les âneries de tes aînés. La plupart des étapes sont déjà écrites : dans quelques mois tu entreras en crèche ou chez une nounou, puis à l'école, au collège, au lycée et dans le monde du supérieur et enfin, du travail... Happé dans une grande machine qui se chargera de broyer tes rêves, de te rendre rationnel et productif, de te faire entrer dans une case. Tu deviendras un pion, mon fils, comme ta mère et moi, comme nos amis et les membres de notre famille. Quand un jour une fille te demandera ce que tu es, tu te définiras probablement par ton travail et par ta place dans la « société ».
Tu nous en voudras de toute façon, car nous aurons merdé dans ton éducation. Ta mère comme tout le monde a ses défauts et ses qualités ; pour ma part je suis étouffé par le poids de mes fêlures. Je manque de confiance en moi, j'ai peur du jugement des autres, je préfère parfois même me défiler plutôt que d'être confronté à l'échec, et une carapace de cynisme cache tant bien que mal cette fragilité. Mais pourquoi as-tu choisi un père pareil ! Tous les parents se plantent d'une façon ou d'une autre, cela semble être une loi de la nature. Ca ne me console pas vraiment, mais je ne sais pas si d'autres parents s'en tireraient mieux que nous. On fera avec ce qu'on pourra. La faillite d'ailleurs semble générale. Je me demande dans quel état tu trouveras ce monde à l'orée de ta trentième année.
Un monde à l'agonie, s'il n'a pas explosé d'ici là suite à une erreur de manipulation des terribles moyens que les Fossoyeurs ont découvert pour anéantir plus efficacement leurs semblables. Tu le constateras rapidement : il est plus facile de couper un arbre que de faire pousser. Cette vieille planète bleue est tellement usée que des gens sont prêts à partir vivre sur Mars.
Un monde où les valeurs seront inversées, où l'égoïsme sera roi, où écraser les autres sera -encore plus- un moyen de se faire valoir. Si tu veux réussir révise tes formules, mon fils, plus que ta pensée. La pensée est une denrée périssable dans cet univers où les répliques cinglantes sonnent mieux que les arguments. Travaille ton apparence. Si tu sais te faire remarquer sans ne rien faire, tu seras un homme mon fils.

Quels seront nos rapports, quand tu auras trente ans ?
A un moment ou à un autre, tu nous en voudras. Il y a toujours des tas de raisons pour en vouloir à ses parents. Tu grandiras, et nous vieillirons, tu assisteras à la lente dégradation de nos moyens, de nos possibilités. Nous serons plus lents, peut-être moins ouverts et cela t'agacera en dépit de la bonne volonté que tu y mettras. Tu auras connu, le plus longtemps possible je le souhaite, tes grands-parents, et ta mère et moi serons, je l'espère, en état de pouponner tes propres enfants si tu fais le choix d'en avoir. Deviendrons-nous des amis ou des fardeaux ?
Tu le vois, mon fils. Tu arrives dans un monde usé et cruel.

 

Et je t'avoue, mon chéri, que je ne sais trop que dire. Tout au plus nous serons là, à t'écouter et à t'accueillir lorsque, blessé, tu rentreras. Mais je n'ai pas de formule magique ou de recette miracle. Je n'ai pas de projet pour toi, tu feras ton propre chemin. Tu te planteras comme tout le monde, il y aura des impasses, tu vivras d'amères déceptions et bien des filles te briseront le cœur. Tu feras mal toi aussi à des personnes que tu aimes sans vraiment l'avoir voulu. J'aimerais t'en protéger, mon fils, je voudrais t'épargner toutes ces violences inévitables, mais je ne le pourrai pas, et je ne le ferai pas. Car tu seras assez fort pour te relever à chaque fois. Car tu auras besoin de ces claques, ce sont elles qui te définiront.

boussole


Sans elles tu ne vivrais pas ces quelques heures de joie intense durant lesquelles on se dit que la vie vaut la peine d'être vécue, les tendres regards plein de promesses, la musique de Chopin, les soirs de beuverie et les levers de soleil sur la mer. J'ai envie que tu deviennes un homme sain, un homme honnête qui n'aie pas peur de la vie. Tu sais, elle n'a pas de sens, cette vie, elle ne rime à rien.
Tu devras donc lui donner ta propre orientation et savoir ce qui est bon et mauvais pour toi, sans avoir peur, en dépit de l'avis des Autres. « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder ils s'habitueront. » J'aurais aimé écrire ces vers, tant ils expriment ce que je te souhaite.

Voilà quelques traces. Il y a encore tellement de choses à dire, que je ne dirai pas ici. Plein de lignes déjà écrites, encore plus à écrire encore ensemble. Pour le moment dors, mon Ange, fortifie-toi et prépare ton arrivée. Il me tarde tellement de faire ta connaissance.
Je t'aime.

Bienvenue mon fils.

11 janvier 2014

Bulles

Mine de rien, j'habite loin de Paris. Moins qu'auparavant certes, mais quand même. Au (très) bas mot, 40 minutes de voiture, ou 30 minutes de moto.
Mais je tenais à être là: la naissance de Petit Prince approchant, les occasions de sortir le soir vont se raréfier, et je tenais à voir mon pote faire son concert. 
C'est pourquoi j'ai pris mon appareil et la voiture pour rejoindre mes copains à Bastille.
Ils n'y étaient pas. Pris par l'habitude, je les avais rejoints à l'endroit où on se réunit habituellement, sans faire attention que ce n'était pas le bon. Rentrer, dépité ?
Que nenni: un quart d'heure de métro (Bastille-Ménilmontant via Nation) pour trouver le bon bar.
D'où j'avais déjà quelques souvenirs, un peu embrumés il est vrai. La dernière fois queje m'y trouvai, c'était lors en août 2011 et j'avais rejoint l'endroit où je dormais en vélib à trois heures du matin, guidé par le GPS de mon téléphone.
Les mêmes amis, groupe restreint depuis 2009 où nous étions en formation à l'IUFM. John, Pierre, Nico et moi. Les mêmes. Un peu de temps a passé, nous ne sommes pas exclusifs les uns des autres, les filles qui nous accompagnent changent parfois, chacun de nous a pris ses orientations. Nico m'a parlé du 10 kilomètres de Paris en octobre à faire tous les quatres, de ses futures vacances "en Thaïlande quoique Madagascar ça peut être cool aussi, on sait pas trop"; Pierre m'a demandé "toi qui t'y connais en Montaigne" (ben voyons) si je connaissais une édition qui comporte à la fois "une traduction en français moderne parce que le "sieur" au lieu de "monsieur" ça risque de me gonfler, et puis des notes claires et précises. A mon avis, il faut deux livres en même temps non ?" A froid je n'ai su lui donner que deux références (la PUF qui fait autorité et la récente traduction d'André Lanly dont j'ai entendu beaucoup de bien mais que je n'ai jamais ouverte). Il avait l'air satisfait, Pierre.
Ne vous étonnez pas, Pierre est du genre à demander aux gens des éditions de Montaigne en sifflant une pinte un vendredi soir. Ca fait partie de son charme.

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Et John jouait. Bien, comme d'habitude, une musique qui m'a plu avec un groupe chouette. Cherchez: Rogue Waves, sur Facebook. J'avais l'air con avec mon gros sac pourtant fin dans l'absolu mais pas pratique à manipuler dans un bar blindé. J'ai fait ce que j'ai pu avec les moyens du bord. Même avec du f.1,8 j'ai galéré pour sortir des photos qui vaillent quelque chose. Arrivant en retard je n'ai vu qu'une petite demi-heure sur une session d'une heure.
Croisé Gigi toujours impeccable ("Je la sens bien, ton agreg, je la sens bien"); Jojo et sa répulsion des quenelles; puis discuté avec le virtuose du manche et ses groupies avant de rentrer tranquillement. Chérie et Petit Prince me manquaient, et il était temps de s'éclipser. Sens inverse: Ménilmontant-Bastille par Nation; et voiture. Plus besoin de GPS pour aller à Paris désormais.
C'est ça le temps, sans doute. Chacun prend le chemin qui lui est tracé et on se retrouve parfois dans de petites bulles fragiles où on voit que tout cela n'est que peu de choses et ne modifie rien. Cette bulle était brève, et à y bien réfléchir le temps de trajet fut certainement plus long que celui passé à buller.
Mais peu importe.

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Tellement de choses vont évoluer dans ma vie d'ici peu de temps. J'ai hâte, et ça fait peur en même temps. L'important est là, peut-être: savoir que l'on reste soi-même et qu'on arrive à se retrouver, avec soi, de temps à autre. Soi et son petit clan familial; soi et ses amis mousquetaires; soi prenant du plaisir au boulot; soi musical, écrivant, lisant, photographiant. Et bientôt changeant les couches et pouponnant.
La vie est une bulle de bonheur, en somme, malgré les montagnes qu'il faut franchir pour en arriver là; et celles qu'il faudra franchir pour suivre son chemin. 

4 janvier 2014

Tête-à-têtes

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La vie fait bien les choses.
Presque une semaine d'insomnie pour moi, et de douleurs pour mon amie, qui nous ont conduits aujourd'hui dans les couloirs quasi-déserts de la maternité pour finir entre les mains d'une sage-femme préparant son DU d'échographie. Du coup elle s'est servie de nous (enfin, de nous...) pour s'entraîner. Presque vingt minutes hors du temps où on a pu voir notre petit bonhomme sous toutes les coutures. Le cervelet, le cœur qui bat (angoissante machinerie), les petits doigts, les pieds, le visage, la bouche (qui tête!), les côtes, la colonne vertébrale... Le tout avait une ambiance assez amusante d'interdit, ou de moment exceptionnel.

Pour notre fiston tout va bien. Il est douillettement enroulé, la tête en bas, dans le ventre de sa mère. Je n'en dirai pas beaucoup plus. La période de la maternité a cette caractéristique curieuse de rendre le corps féminin presque public. On parle d'écartement du col de l'utérus ou de varice vulvaire entre le fromage et le dessert, pour ainsi dire. C'est assez bizarre, et je n'ai pas envie de relayer ces détails.
Nous en sommes ressortis heureux, un peu grisés par le plaisir d'avoir vu notre enfant. Tout devient de plus en plus concret. La chambre est peinte, les vêtements s'accumulent, les meubles devraient arriver cette semaine, ma compagne est en arrêt. Et on fêté ça comme deux ados au KFC.

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Et en attendant lundi les cours reprennent. La période qui s'annonce, entre Noël et février, sera sûrement l'une des plus curieuses de ma carrière.

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1 janvier 2014

Le théorème de l'anguille

Plus de trois mois après je remets le pied à l'étrier. 2013 n'aura pas été une année très prolixe pour ce blog. Un peu plus d'une trentaine de billets seulement, ça en fait environ un toutes les deux semaines pour une année bien étrange. Mais toutes les années, puisqu'on borne le temps comme ça, sont étranges, chacune à sa façon.

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Je suis entré paisiblement, dans le décor chamarré de Chamarande entouré de quelques amis ayant eu le courage de braver les âffres du RER C, dans ma trente-deuxième année. J'ai un peu voyagé: Grèce et Istanbul. De beaux voyages, de belles rencontres, y compris avec moi-même. Ce moment d'angoisse à Roissy au moment d'embarquer pour Istanbul, par exemple, et la voix amie qui m'a encouragé.

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Le boulot continue, les élèves se succèdent et ne se ressemblent jamais. J'ai demandé à avoir du lycée, et quatre mois après je le regrette car je n'en tire pas de satisfaction particulière. Mon rapport au travail change énormément, j'ai envie de devenir plus humain que je ne l'étais en débutant, et en même temps plus professionnel. Considérer ce boulot comme un autre au lieu d'être inspiré par une vocation. Ceux qui ont la vocation, ce sont les gens qui Savent; et il n'y a rien de plus dangereux dans ce métier que quelqu'un qui Sait. Je préfère tâtonner autour de ce qui marche. Comme celui qui évolue avec une lampe de poche à la main après avoir installé solidement son campement. Je mesure mon manque de rigueur, l'inefficacité de certaines de mes méthodes, j'ai envie de modifier le rapport à mon enseignement.
Parfois je pense à une reconversion. Sage-femme, ou maïeuticien, c'est comme ça qu'on dit pour les hommes. Bien trop prétentieux de parler de sage-homme. Les femmes ont droit à la sagesse, mais pas nous, ben voyons. Fleuriste aussi. Accordeur de piano, dans le virtuel. Je doute que cela arrive, mais c'est amusant d'y penser.
En plus d'être parrain pour la troisième fois, je vais devenir père. D'ici deux mois, deux mois et demi, un petit bonhomme va pointer le bout de son nez et bouleverser plein de trucs. C'est pour cela, au fond, que je me fous de la nouvelle année, et de tous ces messages Facebook à la con. Ce n'est pas à une nouvelle année que je passe, c'est une nouvelle ère que je prépare. Je mesure tous les changements que cela entraîne, et les lieux communs ne mentent pas, c'est vraiment stupéfiant. Les gens évoluent, leur regard change, le mien change aussi. Des amis

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s'éloignent, d'autres se rapprochent. Je nidifie à ma manière, délimitant mon territoire auprès de ceux qu'une voix que je n'avais encore jamais entendue considère comme des intrus, et parfois je grogne, prêt à mordre. C'est vraiment étrange. Comme une autre facette de moi-même se réveillait, à laquelle les gens s'adaptent bon gré mal gré. Certains se rapprochent, contre toute attente, et d'autres semblent jouer la pirouette... Quoi qu'il en soit, que je sois prêt ou non il sera là ce petit Prince, et demain je repeins sa chambre.
J'ai repris la photo, de plus en plus sérieusement. Ca a commencé comme ça, un petit appareil au mois de mars, qui finalement m'a fait replonger dans une passion que j'avais fini par oublier. Elle est coûteuse et exigeante, mais j'y trouve mon compte, autant que l'écriture peut-être. Je vois à quel point le monde de la photographie a changé en une petite dizaine d'années que je l'ai quitté, 

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à l'époque où je donnais des cours de tirage photo à l'université. Il faut s'y adapter, transposer en numérique les données que j'avais intégrées en argentique pour s'apercevoir que, fondamentalement, une photo reste une photo. 

Toujours la musique, de manière plus décomplexée qu'à mes débuts. Je suis content d'avoir commencé la clarinette, la pratique d'un autre instrument a fait évoluer mon rapport au piano. Depuis quelques mois, je sévis dans un ensemble de clarinettes, qui me fait découvrir la Joie que l'on a à être ensemble. J'ai fait une première représentation en public aussi. Une toute petite, pour accompagner une jeune violoniste, mais le stress était quand même là. Heureusement, tout s'est bien passé, ce fut une belle expérience.
Il y a l'agrégation aussi, cette Euménide qui me tiraille. Les 28 et 29 janvier, ce sera Arcueil et plus Montpellier, qui me verra composer pour deux épreuves de sept heures. Je l'ai travaillée, pas assez, probablement, mais quelque chose s'est débloqué. Je ne saurais dire pourquoi, mais pour la première fois je me dis que c'est faisable, en fait. Mes motivations pour l'avoir sont devenues mercantiles, maintenant: plus de sous, moins d'heures et une certaine préséance face aux vocationnées qui Savent.

Tout n'est pas rose, évidemment. Il y a des choses avortées, un travail sur moi-même que je n'ai pas pris l'énergie de continuer, des projets que je n'ai pas vraiment concrétisés, des fonctionnements vicieux qui perdurent. Il y a eu beaucoup de prises de conscience, avec la frustration de ne savoir qu'en faire. J'ai toujours cette angoisse de faire du mal aux autres, la peur de blesser ou d'être blessé qui m'enferme dans une tour de sarcasmes, et je veux que les choses évoluent. Technique de l'anguille, qu'on ne voit pas mais qui se déplace malgré tout. Le travail se fait, doucement. L'échec n'est pas de se planter, c'est de baisser les bras. Comme j'ai cette tendance à baisser les bras et à laisser le clapotis de la paresse prendre le dessus, je me force à travailler d'une façon ou d'une autre. Tout, mais ne pas se laisser porter par une vie paresseuse dont on ne sait que faire.
Donc pas de résolution, cette année. Une amie m'avait dit l'an passé: "Alors, 2013, ton premier bouquin ?" Il n'y a pas eu de bouquin, tant pis, juste quelques lignes d'une vie.

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