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1 janvier 2014

Le théorème de l'anguille

Plus de trois mois après je remets le pied à l'étrier. 2013 n'aura pas été une année très prolixe pour ce blog. Un peu plus d'une trentaine de billets seulement, ça en fait environ un toutes les deux semaines pour une année bien étrange. Mais toutes les années, puisqu'on borne le temps comme ça, sont étranges, chacune à sa façon.

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Je suis entré paisiblement, dans le décor chamarré de Chamarande entouré de quelques amis ayant eu le courage de braver les âffres du RER C, dans ma trente-deuxième année. J'ai un peu voyagé: Grèce et Istanbul. De beaux voyages, de belles rencontres, y compris avec moi-même. Ce moment d'angoisse à Roissy au moment d'embarquer pour Istanbul, par exemple, et la voix amie qui m'a encouragé.

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Le boulot continue, les élèves se succèdent et ne se ressemblent jamais. J'ai demandé à avoir du lycée, et quatre mois après je le regrette car je n'en tire pas de satisfaction particulière. Mon rapport au travail change énormément, j'ai envie de devenir plus humain que je ne l'étais en débutant, et en même temps plus professionnel. Considérer ce boulot comme un autre au lieu d'être inspiré par une vocation. Ceux qui ont la vocation, ce sont les gens qui Savent; et il n'y a rien de plus dangereux dans ce métier que quelqu'un qui Sait. Je préfère tâtonner autour de ce qui marche. Comme celui qui évolue avec une lampe de poche à la main après avoir installé solidement son campement. Je mesure mon manque de rigueur, l'inefficacité de certaines de mes méthodes, j'ai envie de modifier le rapport à mon enseignement.
Parfois je pense à une reconversion. Sage-femme, ou maïeuticien, c'est comme ça qu'on dit pour les hommes. Bien trop prétentieux de parler de sage-homme. Les femmes ont droit à la sagesse, mais pas nous, ben voyons. Fleuriste aussi. Accordeur de piano, dans le virtuel. Je doute que cela arrive, mais c'est amusant d'y penser.
En plus d'être parrain pour la troisième fois, je vais devenir père. D'ici deux mois, deux mois et demi, un petit bonhomme va pointer le bout de son nez et bouleverser plein de trucs. C'est pour cela, au fond, que je me fous de la nouvelle année, et de tous ces messages Facebook à la con. Ce n'est pas à une nouvelle année que je passe, c'est une nouvelle ère que je prépare. Je mesure tous les changements que cela entraîne, et les lieux communs ne mentent pas, c'est vraiment stupéfiant. Les gens évoluent, leur regard change, le mien change aussi. Des amis

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s'éloignent, d'autres se rapprochent. Je nidifie à ma manière, délimitant mon territoire auprès de ceux qu'une voix que je n'avais encore jamais entendue considère comme des intrus, et parfois je grogne, prêt à mordre. C'est vraiment étrange. Comme une autre facette de moi-même se réveillait, à laquelle les gens s'adaptent bon gré mal gré. Certains se rapprochent, contre toute attente, et d'autres semblent jouer la pirouette... Quoi qu'il en soit, que je sois prêt ou non il sera là ce petit Prince, et demain je repeins sa chambre.
J'ai repris la photo, de plus en plus sérieusement. Ca a commencé comme ça, un petit appareil au mois de mars, qui finalement m'a fait replonger dans une passion que j'avais fini par oublier. Elle est coûteuse et exigeante, mais j'y trouve mon compte, autant que l'écriture peut-être. Je vois à quel point le monde de la photographie a changé en une petite dizaine d'années que je l'ai quitté, 

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à l'époque où je donnais des cours de tirage photo à l'université. Il faut s'y adapter, transposer en numérique les données que j'avais intégrées en argentique pour s'apercevoir que, fondamentalement, une photo reste une photo. 

Toujours la musique, de manière plus décomplexée qu'à mes débuts. Je suis content d'avoir commencé la clarinette, la pratique d'un autre instrument a fait évoluer mon rapport au piano. Depuis quelques mois, je sévis dans un ensemble de clarinettes, qui me fait découvrir la Joie que l'on a à être ensemble. J'ai fait une première représentation en public aussi. Une toute petite, pour accompagner une jeune violoniste, mais le stress était quand même là. Heureusement, tout s'est bien passé, ce fut une belle expérience.
Il y a l'agrégation aussi, cette Euménide qui me tiraille. Les 28 et 29 janvier, ce sera Arcueil et plus Montpellier, qui me verra composer pour deux épreuves de sept heures. Je l'ai travaillée, pas assez, probablement, mais quelque chose s'est débloqué. Je ne saurais dire pourquoi, mais pour la première fois je me dis que c'est faisable, en fait. Mes motivations pour l'avoir sont devenues mercantiles, maintenant: plus de sous, moins d'heures et une certaine préséance face aux vocationnées qui Savent.

Tout n'est pas rose, évidemment. Il y a des choses avortées, un travail sur moi-même que je n'ai pas pris l'énergie de continuer, des projets que je n'ai pas vraiment concrétisés, des fonctionnements vicieux qui perdurent. Il y a eu beaucoup de prises de conscience, avec la frustration de ne savoir qu'en faire. J'ai toujours cette angoisse de faire du mal aux autres, la peur de blesser ou d'être blessé qui m'enferme dans une tour de sarcasmes, et je veux que les choses évoluent. Technique de l'anguille, qu'on ne voit pas mais qui se déplace malgré tout. Le travail se fait, doucement. L'échec n'est pas de se planter, c'est de baisser les bras. Comme j'ai cette tendance à baisser les bras et à laisser le clapotis de la paresse prendre le dessus, je me force à travailler d'une façon ou d'une autre. Tout, mais ne pas se laisser porter par une vie paresseuse dont on ne sait que faire.
Donc pas de résolution, cette année. Une amie m'avait dit l'an passé: "Alors, 2013, ton premier bouquin ?" Il n'y a pas eu de bouquin, tant pis, juste quelques lignes d'une vie.

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