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2 décembre 2009

Aimez-vous Brahms ?

Il a déjà été question d'un billet consacré ici à une des oeuvres qui me hante le plus. Oeuvre qui a presque une valeur d'intrus, dans la mesure où elle ne correspond pas tellement à mes périodes habituelles: le premier concerto en ré mineur, op.15, de Brahms, dont j'ai parlé il y a quelques semaines ou quelques mois. Je n'y reviendrai que pour quelques remarques incidentes au sujet d'une version que j'ai entendue mardi matin dans la voiture, sur France musique: une version adaptée non pour piano et orchestre, mais pour deux pianos.
J'avais déjà entendu un concert il y a quelques années la transformation de ce genre d'une oeuvre concertante pour piano et orchestre. C'était le quatrième concerto de Beethoven, et ce choix m'avait paru extrêmement judicieux dans la mesure où il s'agit du seul des cinq qui, à mon sens, parle d'une réconciliation entre les deux instances, qui ne s'opposent pas mais qui auraient plutôt tendance à s'enchaîner pour monter au ciel. Il n'y a qu'à écouter les premières mesures:

Ne serait-ce qu'à partir des premières mesures, le ton est donné. Comparez avec le début du cinquième, par exemple, du même:


Rien à voir, remarquez, on n'est plus du tout dans le même univers. 
Pour revenir à nos moutons, un peu surpris par ce choix, j'écoutai donc ce concerto jusqu'à la fin du premier mouvement, interprété par deux pianistes. L'un dont je n'avais jamais entendu parler, et l'autre que je connaissais un peu pour l'avoir entendu jouer il y a quelques mois le deuxième de Prokofiev (un chef d'oeuvre, incompréhensible pour des oreilles peu ou mal habituées au "classique", mais un véritable monstre sacré, ce concerto), ce qui m'avait d'ailleurs fait plonger dans la perplexité: passer (parce que oui, il s'agit bien, déjà, de passer pianistiquement) l'une des oeuvres les plus difficiles qui aient été composées pour cet instrument à vin gt-trois ans. Soit. 
Ce que je craignais arriva: j'ai été déçu, très déçu, dans la mesure où la perspective concertante de l'oeuvre de Brahms était complètement perdue. Les propos du piano se trouvaient dilués dans les résonances de l'autre piano (deux Steinway D, les mêmes, par dessus le marché), de sorte que du combat d'Hercule et de l'hydre, on arrivait à une sorte de bouillasse sonore un peu informe. Certes, l'auditeur est quand même amusé de se dire "ah tiens c'est rigolo ça fait pas pareil", mais je doute que Brahms eût apprécié que l'on réduise ce qu'il avait mis près de cinq ans à composer à une curiosité musicale, j'ai d'ailleurs cru sentir, dans ce qu'ils en disaient, le manque de conviction des pianistes, non sur leur jeu, mais sur l'intérêt d'une telle transcription. Et nul doute qu'ils avaient raison. 
Pour conclure cette bien désagréable écoute, plongez-vous, en trois parties, dans le premier mouvement de ce somptueux concerto en ré mineur, qui contient probablement dans ses deux dernières minutes les deux minutes les plus érectiles de la musique classique: 

 





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